vendredi, décembre 30, 2011

TOUS A SAINT-DENIS !



L'Appel du Moustoir


JEUNES ! IMMIGRÉS ET NON-IMMIGRÉS ! TOUS A SAINT-DENIS ! INDIGNEZ-VOUS AU STADE DE FRANCE ! TERRORISEZ LE CAC 40, LES BANQUES  ET LEURS AGENCES DE NOTATION ! REJOIGNEZ LE MOUVEMENT QUI PREND DE L'AMPLEUR PARTOUT DANS LE MONDE !


Gabriel Enkiri Prix RJLiban 2011  

jeudi, décembre 29, 2011

APRÈS BECKHAM, ANCELOTTI : INDIGNEZ-VOUS AU STADE DE FRANCE !



Tout un symbole ! D'un côté les jeux du cirque en plein Neuf-Trois - de l'autre des centaines de milliers de jeunes sans emploi, sans avenir... INDIGNEZ-VOUS ! nous dit Stéphane Hessel. C'est le moment ! Comme à Londres, Rome, Madrid, le Stade de France doit faire entendre le cri de révolte des jeunes franciliens ! Il ne faut pas seulement s'inscrire sur les listes électorales : vous devez agir ! Le PSG, avec ses recrues en or, vous offre l'occasion de faire une irruption spectaculaire sur la scène politique nationale et internationale ! BOUGEZ-VOUS !
Gabriel Enkiri Prix RJLiban 2011   

dimanche, décembre 25, 2011

APPEL AUX JEUNES DE LA BANLIEUE : INDIGNEZ-VOUS AU STADE DE FRANCE !



J'aime le foot, mais là tout de même, avec des salaires mirobolants,  comme celui de David Beckham, ça devient insupportable par temps de crise. Il y a quelques années, j'avais proposé à Marie-George Buffet, alors Ministre des Sports dans le gouvernement Jospin, de créer au Stade de France un grand club que j'avais baptisé Club Olympique Physique, de manière à faire COP ET COPAINS, à l'intention des jeunes immigrés de la banlieue ! A Saint-Denis, dans le "neuf-trois", avec des Bretons nombreux dans le département, et qui sont, eux aussi, d'une certaine manière, des "immigrés", j'imaginais un grand club omni-sports, dont l'équipe de football, serait vite devenue l'équipe-phare ! J'avais même écrit à Paul Le Guen, trois fois champion de France avec Lyon, pour lui proposer d'en devenir l'entraîneur ! Il m'a répondu que "ça lui semblait impossible à réaliser, mais que cela ne l'empêchait pas de participer à des actions sportives en banlieue (Évry, Trappes)". Marie-Georges Buffet me répondit, elle, que "c'était une bonne idée, et qu'elle arrivait au bon moment... mais que le Stade de France étant administré par une société privée, c'est à elle qu'il fallait s'adresser...". Ce que je fis, en écrivant au président du Consortium du Stade de France, Pierre Parisot, qui me répondit "qu'il y avait d'autres projets en cours", et parmi ceux-ci ( la presse en parlait) une éventuelle arrivée du PSG (!) mais qui y renonça de peur de perdre son public habitué au Parc des Princes. Faute de moyens, et d'être entendu, j'abandonnai l'ambitieux projet !
Alors que le malaise des banlieues grandit, que partout dans le monde les jeunes INDIGNÉS manifestent en réclamant des emplois, un avenir tout simplement, pourquoi ne se donneraient-ils pas rendez-vous par dizaines de milliers, voire plus !, au Stade de France, à Saint-Denis le jour où le PSG y jouerait son premier match, et les matchs suivants ! Ne serait-ce pas, pour les jeunes, l'occasion de faire irruption dans la campagne de l'élection présidentielle de mai 2012 ? La venue à Paris de David Beckham n'aurait alors pas  été inutile !

dimanche, décembre 18, 2011

COMMUNIQUÉ DE RJLIBAN





 19/12/2011


 Le premier Prix RJLiban décerné à Gabriel Enkiri en France

 À l'occasion de son 25e anniversaire, l'association RJLiban a décidé d'attribuer le premier prix RJLiban à Gabriel Enkiri à Paris, où a été fondée l'association en décembre 1986. Le prix récompense ce journaliste et écrivain de père libanais et de mère bretonne, aujourd'hui âgé de 80 ans, pour son œuvre complète ainsi que pour son témoignage inédit et original, et pour son combat lucide et téméraire au sein d'un environnement trouble, à la recherche d'un avenir meilleur.
 Des sujets aussi passionnants que d'actualité comme les relations entre les Phéniciens et les Bretons – révélées par un autre Breton, Camille Busson –, la création de l'État d'Israël et la recherche d'une solution au Proche-Orient, l'établissement de "Nouveaux États-Unis francophones" auxquels aspirent Québécois, Wallons et autres, ou l'insertion des jeunes des banlieues françaises, ont été largement débattus au cours de multiples réunions de l'association RJLiban avec Gabriel Enkiri, qui milita dans sa jeunesse dans plusieurs mouvements politiques et syndicaux français.
 Gabriel Enkiri, ancien élève du Lycée Dupuy-de-Lôme, retourné vivre chez lui à Lorient, près du golfe du Morbihan, propose dans son dernier livre "Et si l'Italie était la solution" ?, paru aux éditions Le Publieur.com, un éditeur sur internet, des idées basées sur sa propre expérience en vue de «sauver le Liban et mettre un terme au conflit israélo-palestinien». Une expérience singulière, accumulée au cours d'engagements successifs, en apparence contradictoires, mais dont l'unicité est pourtant évidente.
Naji Farah, Président de RJLiban
 «Les défis de Gabriel Enkiri», http://wwwkerlegan.blogspot.com. Facebook: «Gabriel Enkiri ».

samedi, décembre 17, 2011

LES PAGES 221-222 DE "KIDNAPPING" QUI ONT FAIT PLAISIR A MERIADEC (2 fin) !



"Je m'attendais à trouver une rubrique nécrologique substantielle... Rien ! Un simple avis de faire-part, minuscule, noyé parmi d'autres, que je n'ai pas oublié :" Les obsèques de M. Louis Henrio, en littérature Loeiz Herrieu, seront célébrées à Auray le lundi 25 Mai à Saint-Gildas". Le fondateur de la revue Dihunamb ("Réveillons-nous") avait eu droit à un enterrement de Première Classe... qui avait allure d'assassinat. Parmi les nombreux Guides Bleus - mon hôte, ou plutôt mon geôlier, semblait être un grand voyageur - qui s'alignaient sur l'un des rayons de son imposante bibliothèque, il m'arrivait d'en extraire l'exemplaire consacré à la Bretagne pour "respirer" un peu l'air du pays. Dans l'introduction résumant l'histoire de la province, rédigée par Armel de Wismes, membre de l'Académie de Bretagne, que j'avais jusqu'à présent omis de lire, je m'attardais maintenant devant les quelques lignes de commentaire que je découvrais à la page 72 :" Les autonomistes : Yann Goulet, Delaporte, Moyse et surtout Olier Mordrel, théoricien d'une renaissance de la civilisation celte et chef du nationalisme breton, avaient remplacé Breiz Atao par l'Heure Bretonne. Une minorité de Bretons n'hésitait pas à créer une milice ou à entrer dans la légion anti-bolchevique. Ces prises de position extrêmes devaient entraîner par la suite d'affreuses représailles. A la Libération, une enquête galloise de 1947 révéla que l'épuration avait exécuté sans jugement des Bretons de toutes tendances, et parmi eux des régionalistes apolitiques". L'épuration ? Menée par qui ? Des Résistants probablement, plutôt des communistes, des staliniens, devrais-je dire...Je n'ai pas connu Loeiz Herrieu-Henrio, le cultivateur mythique de Saint-Caradec. Sans doute s'est-il illusionné en 1940 ? Nous nous serions vivement disputés, c'est sûr.  Mais cinquante ans après ? Le goulag, qui a disparu à l'Est, a du mal à se dissiper autour du Blavet".

LES PAGES 221-222 DE "KIDNAPPING" QUI ONT FAIT PLAISIR A MERIADEC (1) !

"KIDNAPPING entre l'Élysée et Saint-Caradec" est une autobiographie romancée que j'ai éditée moi-même aux éditions Phare/Ouest... L'auteur-narrateur a fait l'objet d'un kidnapping par des terroristes qui demandent sa libération... à Jacques Chirac ! Nous sommes, en effet, Jacques Chirac et moi, nés en 1932, et des anciens du Lycée Carnot à Paris (où je suis resté très peu de temps avant de rentrer à Hennebont en 1945). L'auteur s'amuse, rêve, divague, sans doute quelque part en Suisse où les terroristes tiennent un Congrès pour y fonder une Internationale. Si Jacques ne leur livre pas ce qu'ils demandent en échange de ma libération, mes jours sont sans doute comptés... Et l'auteur-narrateur se laisse aller.
"... Entre Hennebont et Lorient, il y a Lanester, la "ville d'Irène Frain", en fait la banlieue "rouge" de Lorient. (A ce propos, je rectifie aujourd'hui : Irène Frain m'a dit qu'elle était de Kerentrech, un quartier lorientais). Là, à Lanester, le Maire aussi est communiste. Depuis 1947 ! Constamment réélu, Jean Maurice, a toujours été "bien vu" de ses administrés. L'homme n'est pas sectaire, même au temps du stalinisme, lorsque les autres aboyaient, lui "écrasait le coup". Son silence, et sa retenue, détonaient dans le concert des imprécations staliniennes. S'il y a quelqu'un à qui je tire mon chapeau, c'est bien à Jean Maurice, dont seul l'âge de la retraite viendra à bout. Il en fallait de l'intelligence, et de la perspicacité, pour ne pas céder au sectarisme ambiant, et Dieu sait, si dans  le coin, le sectarisme se porte bien !
Sur l'autre versant, entre Saint-Caradec et Lochrist, la ville-musée des Forges, il y a toujours au hameau du Temple, la petite chapelle de Saint-Cado, vestige des authentiques Templiers, de la grande époque, si j'ose dire, malgré leurs exactions. Le poète des lieux, Loeiz Herrieu, décédé en 1953, n'avait toujours pas reparu. Le silence qui l'ensevelissait était impressionnant. J'étais en Allemagne (au service militaire) lorsqu'il est mort. Nul ne m'a jamais signalé la disparition de ce barde breton, pourtant prestigieux. En 1953, nous étions encore proches de la Libération. Ce n'est que tout récemment que j'ai eu la curiosité de feuilleter le journal Ouest-France du lendemain de son décès". (à suivre)

LE POST-SCRIPTUM DE MERIADEC HERRIEU (6 et fin)



P.S  (entouré d'un cercle rouge tracé à la main)

Il y a eu des maladresses, des erreurs dans le mouvement breton,... comme un peu partout. Le groupe "Perrot", qui était "collabo", a trahi Breiz. Jamais, ils n'auraient dû prendre ce nom "Perrot" après sa mort. Ils ont terni et trahi la mémoire de l'abbé Perrot. C'était un petit groupe de fanatiques, une centaine ? Mais cela a fait un tort immense aux "bons" autonomistes, car ils ont en plus travaillé contre les "Résistants", et livré leur noms.

... Il y a des choses qui ont perturbé la vie de L.H. et sa réputation. Par ex. il y a eu des (2) officiers allemands, des linguistes s'intéressant aux langues celtiques, qui sont venus voir mon père en uniforme allemand. En plein St-Caradec, ils ont demandé son adresse ! C'était de braves "savants", mais vraiment naïfs de venir en uniforme voir L.H. ! Vous comprenez les réactions du peuple :" L.H. est un ami des Boches".

... Beaucoup de mensonges ont été répandus sur notre famille par la Résistance et les autres. La majorité des gens, même des prêtres, ont cru en toute conscience ces bobards, ces mensonges, qui ne reposaient que sur de faux semblants, ou parfois des maladresses...

... Il y a plusieurs de nos amis qui ont étudié la vie de L.H. On a fait des conférences sur son travail "acharné" pour la Bretagne, le breton et aussi la Foi Chrétienne. Ces documents restent inédits en général, sauf les petits articles de revue...

Mais on ne peut pas dire toute la vérité, car si vous accusez la "Résistance" ou les résistants, vous risquez gros ! Il faudra attendre qq. 30 ou 50 ans sans doute pour raconter tout ce qu'ils ont fait.

Kenavo. Je suis surchargé de travail (liturgie bretonne, articles en breton, livres à éditer...) et ne pourrai pas vous re-écrire, hélas !

UNE ÉMOUVANTE LETTRE D'UN FILS DE LOEIZ HERRIEU A GABRIEL ENKIRI (5)





                             Le 6/7/1999


Cher Monsieur Enkiri,

J'ai bien reçu votre livre "Kidnapping" et aujourd'hui je l'ai "fouillé" auprès de mon frère Gwenhaël (88 ans), qui ne peut plus lire, mais qui s'intéresse à tout. Il se souvient de votre nom, comme moi et comme Armel (72 ans), mon plus jeune frère.
Nous avons remarqué que vous parlez souvent d'Hennebont. Mais ce qui nous a touchés, ce sont les pages 221 et 222 sur "Loeiz Herrieu" : vous avez bien parlé de lui, merci !
J'ai 75 ans passés et j'ai beaucoup d'occupations et de travail, car je ne suis pas en retraite : je suis au service de la Basilique, des pèlerins tous les jours, même le dimanche ! Mes yeux faiblissent et je ne peux pas lire grand-chose, sauf Messe,Office divin...! On me demande beaucoup du point de vue de la langue bretonne : traductions textes liturgiques,articles-revues, car je suis le seul prêtre vannetais à avoir étudié le breton et à l'écrire en écriture "moderne". J'ai plein de livres en retard sur mon bureau : quand pourrai-je lire le "Kidnapping" ? Je ne sais... Et pourtant...
Merci de votre lettre du 2. Bon succès et bien à vous en "Breiz"
                                                                MHenrio

Curieusement, cette lettre manuscrite comporte un P.S. plus long que la lettre elle-même comme si Mériadec avait soudainenemt décidé d'en dire plus, de vider son coeur en somme. Je publie ce P.S. dans le post suivant. 


UNE ÉMOUVANTE LETTRE D'UN FILS DE LOEIZ HERRIEU A GABRIEL ENKIRI (4)

Voici une 2e lettre de Meriadec Herrieu, en date du 18 juin 1999 :


" Cher Monsieur,


Je vous remercie de m'avoir annoncé la parution de votre livre "Kidnapping", où vous évoquez la figure de "Loeiz Herrieu".
C'est avec émotion et impatience que j'attends cette parution, mes frères et soeurs aussi.
Excusez mon retard : j'ai eu beaucoup de travail et ai dû prendre 15 jours de repos.
A bientôt donc, cher ami, et bonne chance à votre ouvrage.
                                                    Mériadec Herrieu


(à suivre)









vendredi, décembre 16, 2011

UNE ÉMOUVANTE LETTRE D'UN FILS DE LOEIZ HERRIEU A GABRIEL ENKIRI (3)



"Mal renseigné sur les idées de Hitler, il a espéré que les Allemands auraient créé une nouvelle Europe et que la Bretagne aurait une place honorable, dans le cadre français, en cette Europe.
Bien sûr il reprochait au gouvernement français d'avoir persécuté la langue bretonne et tout son patrimoine (histoire, traditions). "Ouest-France" d'après guerre était "résistancialiste" à outrance, et refusait tout article élogieux (ou même biographique) sur les Bretons "compromis" considérés comme collabos ! Elle a beaucoup changé depuis 20 ou 30 ans, et fait large place aux affaires bretonnes et même au drapeau Gwen ha Du, qui a valu la mort à des Bretons respectables ! Quel changement ! Pendant la guerre, la majorité du peuple breton était hostile à la langue bretonne, à son histoire, à ses danses, ses costumes, ses bombardes et binious etc. Maintenant c'est le contraire, et nous, les anciens, nous ne nous expliquons pas l'engouement des Bretons pour tout ce qu'ils avaient voulu écraser à jamais !"

Voici les réponses de Meriadec Herrieu rajoutées sous forme de notes sur la page à quelques points précis :
(1) sur le silence de la presse à sa mort : juste un avis de faire-part dans Ouest-France.
Il y a eu quand même de beaux articles dans "La Liberté" (Job Jaffré) et dans O.F. quelques jours (?) après la mort de L.H. En 1953, la mentalité commençait à changer. 
(2)Votre père a-t-il été impliqué dans les mouvements autonomistes "pro-allemands" ?
Les groupes autonomistes n'étaient pas tous "pro-allemands". Certains autonomistes étaient même contre. Ils demandaient une certaine autonomie, tout à fait légitime. Voir Traité d'union de la Bretagne à la France - 1532.
(3) L'assassinat de l'Abbé Perrot  avant la fin de la guerre ?
L'abbé Perrot a été assassiné par un communiste................ L'abbé
Perrot était un saint prêtre, très charitable, anti-nazi, bien sûr !
(4) J'ai connu des gens qui admiraient votre père.
L.H. Écrivain et cultivateur, était regardé comme un personnage "mythique". On le voyait peu, il ne fréquentait que ses amis, spécialement les amoureux de la Bretagne et du breton. On ne le voyait pas au bistrot ni aux fêtes profanes. Son travail de bureau l'absorbait.
                                                              Mériadec Herrieu

                                                                                         (à suivre)

UNE ÉMOUVANTE LETTRE D'UN FILS DE LOEIZ HERRIEU A GABRIEL ENKIRI (2)

Sans doute y avait-il du Xavier Grall dans cette "tête de Breton" ! Moi-même, j'avais pondu un manuscrit auquel j'avais donné ce titre ! (Il n'est jamais paru, ou bien sous un autre nom...). En tout cas, Gildas me raconta comment, à la Libération, ils avaient dû fuir à travers bois jusque Vitré ou Angers, je ne sais plus très bien. Mais le portrait qu'il me fit de son père était tellement différent (il me révéla que c'était lui l'inventeur du cyclo-moteur !) de celui que l'on présentait habituellement, sans trop insister, confirme une fois de plus que la "vérité" a besoin de (beaucoup de temps) pour s'extraire du puits ! Apprenant que l'un de ses frères, Meriadec, par ailleurs auteur d'un dictionnaire français-breton(vannetais), était prêtre et officiait à Saint-Anne d'Auray, je lui adressai une lettre dans laquelle je lui posais un certain nombre de questions relatives à ces événements tragiques, en lui précisant bien que j'étais Hennebontais ! Voici sa réponse, manuscrite... et rédigée au dos de ma lettre, avec plusieurs notes remplissant toute la page !
" Cher compatriote,
Je viens de recevoir votre lettre, ici, à la sacristie de la Basilique, et je réponds illico, sans autre papier que le vôtre. J'ai 74 ans, l'âge de mon père à sa mort à Auray en 1953. L.H. (souligné) a été le directeur de la revue bretonne "Dihunamb" (réveillons-nous !), toute en breton vannetais. Revue culturelle, littéraire, non politique, invitant les Bretons à conserver leur langue, leur patrimoine, etc. Pendant la guerre 39-45 tous ceux qui avaient "l'idéal" breton étaient suspects. Si, en plus, ils étaient catholiques, les militants communistes de la résistance les avaient à l'oeil. (Nous avons un cousin très catholique, gaulliste, pas du tout autonomiste, au contraire ! Français avant tout, qui a été massacré par les communistes de la région de Baud; ses assassins n'ont jamais été inquiétés).
En 1944 la famille Herrieu a été attaquée par 16 Résistants armés et a dû fuir leur ferme de Saint-Caradec (moi aussi !, j'avais 20 ans). L.H. a dû quitter la région en sa cachant dans les bois... et puis à Vitré. Sa revue a donc stoppé en 1944. Il a été jugé en 1946, et condamné à l'indignité nationale pour des articles trop forts, maladroits. L.H. n'était ni "autonomiste", ni séparatiste; c'était un fédéraliste. Il désirait une Europe fédérale. (à suivre).

UNE ÉMOUVANTE LETTRE D'UN FILS DE LOEIZ HERRIEU A GABRIEL ENKIRI (1)

Chaque fois que je fais une visite au cimetière de Saint-Caradec à Hennebont, après m'être recueilli devant la tombe familiale où reposent ma mère, ma grand-mère et mon grand-père Jamet, je pousse quatre ou cinq tombes plus loin, dans la même allée, jusqu'à cette stèle ornée d'une croix celtique dressée au-dessus de la sépulture du fameux "barde breton", Loeiz Herrieu, cultivateur de son état, à Lanester d'abord puis à Hennebont-Saint-Caradec, et grand poète en langue bretonne.
Je ne l'ai pas connu, mais j'en ai entendu parler, avec quelle admiration, par notre chère voisine et amie, Mlle Iziquel, qui baissait la voix à chaque fois qu'elle prononçait son nom. Nous étions au lendemain de la guerre. J'ai raconté tout cela dans une fiction à caractère autobiographique intitulée "Kidnapping entre St-Caradec et l'Élysée"... Il y a quelques années, mû par la curiosité, descendant à Saint-Caradec, par la route de Lochrist, je m'arrêtai devant la ferme où avait vécu Loeiz Herrieu, en français Henrio, né tout à côté à Caudan en 1879, commune alors partie intégrante de Lanester... Je suis entré, et là je me suis retrouvé nez-à-nez avec l'un de ses fils, Gildas (qui vient de décéder à l'âge de 85 ans). Lorsque je lui ai dit qui j'étais, hospitalier, et sans doute avait-il envie de me parler, il m'invita à rester déjeuner avec lui et sa femme. - Bien sûr que je me souviens de toi (j'étais gamin) et de ta grand-mère qui était crêpière à la Maison-Rouge. On lui apportait du lait et des oeufs...
Et c'est ainsi que j'ai découvert l'incroyable existence de ce paysan d'Hennebont, pestiféré, le boche, le collabo...  (à suivre)

jeudi, décembre 15, 2011

UNE LETTRE DE XAVIER GRALL A GABRIEL ENKIRI (2 et fin)





le 14 soir.


Cher ami,

Je viens de recevoir ton livre et ta lettre.
Ton livre déjà m'excite encore que je me demande jusqu'à quel point il n'aurait pas gagné à ne pas mêler Liban et Presse. Ce sont évidemment deux causes qui me sont chères.
Mais voilà : je n'ai plus de tribune où m'exprimer librement. A la "Vie", on me laisse les petits oiseaux, à T-C (Témoignage chrétien, note de ge) c'est la chronique de Télé. Au "Monde", c'est la Bretagne dans sa poésie. Comment faire ?
Si Hourdin ne fait rien, vois du côté de Geneviève Laplagne qui est rédactrice en chef et que je connais fort bien. Au Nouvel Obs, tu peux contacter de ma part Yvon Le Vaillant qui est un très bon copain. Idem, encore à la "Vie", soit Jean-Philippe Caudron, soit Jean Bothorel. Il y a au "Monde" des tas de jeunes qui seront très certainement sensibles à tes thèses (et à ta situation). C'est de ce côté-là que tu devrais porter ton effort. J'ai connu naguère J.M. Dupont, Daniel Junqua, mais tes rubriques ne rentrent pas dans les leurs. Cependant, tu le sais autant que moi, "Le Monde" suit de très près tout ce qui paraît sur la Presse.
Ce n'est pas la première fois que je rage de mon impuissance ! Les Français n'aiment pas les hommes libres, à supposer qu'ils aiment la liberté...
Pour "Hachette", je fais un livre sur la Bretagne. Il n'est pas question d'y renier mes opinions. "Faites vous des amis avec les forces d'iniquité". Ne me tombe donc pas dessus...
Ne me donne  pas une importance que je n'ai pas. Je me suis retiré dans mon pays parce que la Presse me décevant, il me restait la Poésie.
Bon courage, mon vieux.
A toi.
     Xavier Grall

UNE LETTRE DE XAVIER GRALL A GABRIEL ENKIRI (1)

J'ai connu Xavier Grall à la Vie catholique dans les années 60. J'étais au chômage, et j'étais allé voir Georges Hourdin, qui était le patron de ce Groupe de presse, et c'est lui qui m'a recommandé à celui qui en était, je crois, le rédacteur en chef. J'ai donc effectué deux reportages pour  Signes des temps, une autre publication du groupe, l'un sur les Bretons de Paris ( c'est à cette occasion que j'ai rencontré l'Abbé Gautier, de la Mission Bretonne à Montparnasse, Louison Bobet chez lui, en région parisienne, et le fameux Charles Le Quintrec, responsable du journal La Bretagne à Paris, dans les locaux de Ouest-France, alors sur les Champs-Élysées) et l'autre sur mon quartier de la Goutte-d'Or, que l'on appelait déjà la Casbah de Paris ! Ce qui me valut l'honneur, par la suite de figurer dans l'Annuaire des Dix Mille Bretons (paru en 1971), et d'entrer, toujours par la "filière" bretonne, à l'Agence France Presse, dirigée par un Breton de la grande époque gaullienne de Londres, Jean Marin, de son vrai nom Yves Morvan...
Dans les années 70, je fis paraître un opuscule qui portait un double titre "S.O.S. PRESSE-LIBAN" (Hersant, le papivore, venait de faire main basse sur le Figaro et France-Soir tandis que la guerre civile faisait rage au pays du Cèdre). Xavier Grall était rentré meurtri, blessé, cassé même de la guerre en Algérie. Après avoir publié quelques ouvrages, il avait décidé de "rentrer au pays", chez lui, en Bretagne. Ayant quelque mal à "faire parler" de mon livre,  je lui en adressai un exemplaire dans le Finistère. C'est sa réponse que je publie ici. C'est un document. Ma façon à moi de commémorer le 30e anniversaire de sa disparition. (à suivre)

samedi, décembre 10, 2011

HENNEBONT-PARIS-TERMINUS (POST-SCRIPTUM) 2 et FIN

Mais indépendamment de cet aspect des choses se pose quand même le problème du 12 mars. Moi, je ne veux pas te demander plus que tu ne veux ou ne peux faire. J'attire quand même ton attention sur le fait que nous sommes engagés dans une terrible bataille pour faire en sorte que les travailleurs ne soient pas frustrés du changement qu'ils attendent. Les manoeuvres ne manquent pas, la dernière en date étant celle qui se développe autour de Mendès France, candidat perpétuel aux opérations de 3e force sans et contre les communistes. 
Dans la circonscription, tu auras comme moi remarqué comment Pierre Tabanou, le candidat du PS, axe toute sa campagne sur l'appel à la droite pour faire face au communiste. Plus question de battre la droite, plus question d'union. Ces mots sont bannis de son matériel électoral. Je ne crois pas que ce soit de cette façon que l'on se prépare bien à mettre en oeuvre ensemble une politique vraiment nouvelle.
Enfin tu apprécieras et décideras en ton âme et conscience, comme on dit. Je suis à Chevilly-Larue jeudi avec mon ami Juquin. Peut-être t'y verrais-je.
Fraternellement.
C. Fiterman


Précision - Guy Pettenati, ancien secrétaire parlementaire de  Charles Fiterman, m'a dit :" Tu sais, c'est Annie Kriegel qui t'a exclu !" (Annie Kriegel, hyper stalinienne, dirigeait une revue  officielle du parti " La Nouvelle Critique". Comparée à Anna Pauker, en Roumanie, à laquelle, dit-on, elle était apparentée, elle fit exclure en 1956 des milliers de communistes ! Quelque temps plus tard, elle quittait le parti pour rejoindre Israël !).
Comme vous le savez, Charles Fiterman fut l'un des 4 Ministres du gouvernement Mauroy (en 1981 - ministre des Transports). Ils l'ont quitté en 1984 lors du "tournant de la rigueur" imposé par Mitterrand avec la nomination d'un nouveau gouvernement (Laurent Fabius)... Depuis, Charles Fiterman a rejoint le parti socialiste (en 1998). Il est devenu conseiller municipal (socialiste) dans le petit village de Tavernes, dans le Var où il coule une paisible retraite. Incidemment, il a voté OUI avec tous les europhiles au referendum de 2005 (où le NON l'a emporté). Il faut dire qu'il a rejoint le "groupe d'études" Notre Europe fondé par Jacques Delors (source wikipedia).

HENNEBONT-PARIS-TERMINUS (POST-SCRIPTUM))



UNE LETTRE DE CHARLES FITERMAN A GABRIEL ENKIRI


Je fus élu conseiller municipal à Chevilly-Larue (région parisienne, Val de Marne), en 1977, sur une liste d'union de la gauche (j'avais donné mon adhésion au PS). Notre liste l'emporta sur la liste de droite du maire sortant. Un communiste, Guy Pettenati, devint le nouveau maire de la commune. Le secrétaire du Comité Central (et "dauphin" de Georges Marchais) Charles Fiterman, se présenta dans la circonscription aux élections législatives de 1978. Il fut élu député, mais perdit son siège, en 1981, emporté par la "marée rose", au profit de Tabanou, le maire socialiste de l'Häy-les-Roses... A quelques mois du scrutin de mars 1978, et avant la rupture du "programme commun" qui fut fatal à la gauche (les sondages la donnaient gagnante contre Giscard-Barre), j'adressai à Charles Fiterman secrétaire du Comité Central, une lettre dans laquelle je lui suggérais de réintégrer solennellement les exclus de 1956, auxquels l'Histoire donnait manifestement raison. Eux qui se fixaient pour objectif d'atteindre 22% du corps électoral, pouvaient retrouver là, d'un coup, au moins un million de voix ! A quelques jours du scrutin me parvenait la réponse suivante :
Cher camarade,
J'ai pris connaissance de ta lettre avec beaucoup d'intérêt.
Tu soulèves un problème sur lequel je veux te répondre très clairement. 
C'est vrai qu'un bon nombre - pour ne pas dire le plus grand nombre - de ceux qui se sont écartés ou ont été écartés du parti pour des raisons politiques dans la période des années 50 n'auraient pas dû se retrouver dans cette situation. Disant cela, je pense à des hommes comme Marcel Prenant, comme Henri Lefebvre, comme Desanti et d'autres.
Nous avons déjà un peu évoqué ce problème mais il faudra en parler plus clairement et le plus tôt sera le mieux. 
Parce qu'on ne peut pas tout faire à la fois - et le 22e Congrès n'a guère que deux ans - nous ne l'avons pas fait. Mais, je te le dis, après nous être interrogés, nous n'avons pas voulu réduire notre démarche à une initiative qui aurait pu apparaître comme tactique et électoraliste. Nous visons plus loin et plus haut. C'est une grande politique nouvelle, audacieuse, originale, que nous avons mis sur les rails et nous ferons tout pour la faire progresser.
Voilà notre état d'esprit. Cela dit je t'indique tout de suite que pour ce qui te concerne, si tu décidais de revenir au parti, il n'y aurait aucune espèce de préalable, aucun problème.  (à suivre)

mardi, décembre 06, 2011

HENNEBONT-PARIS-TERMINUS (FIN)

Voici résumée, très brièvement, ma théorie !
En réalité, il n'y a jamais eu de socialisme, ni de "communisme" en Russie. C'est l'Allemagne qui a fait problème aux Juifs au 19e siècle, en réalisant son unité, sous l'impulsion de la révolution industrielle. L'Angleterre a vu rouge, c'est le cas de le dire,  devant l'alliance réalisée entre cette nouvelle puissance et les grands banquiers juifs qui, non seulement, aidèrent Bismarck dans son entreprise d'unification, mais étaient en train de nouer une  alliance  exponentielle entre les deux pays capitalistes les plus dynamiques du monde : les États-Unis et l'Allemagne ! En 1900 déjà, New York était devenue la plus grande métropole juive, aux côtés de Berlin et de Vienne !
L'Angleterre a répliqué en déclenchant par deux fois une guerre mondiale pour sauver son Empire (des Indes) et maintenir son alliance à la fois privilégiée et exclusive avec son ancienne colonie, les États-Unis d'Amérique. Tout le 20e siècle n'est rien d'autre qu'un duel à mort entre l'Angleterre et l'Allemagne, qui prit la suite de la formidable confrontation franco-britannique des siècles précédents. En lisant mon livre, vous comprendrez comment les Juifs furent utilisés dans ce duel, comment ils en furent les victimes, puis les vainqueurs aux côtés des États-Unis et de l'URSS en 1945 et en 1947-1948 lorsque Staline fit alliance avec eux pour chasser l'Angleterre du Proche-Orient, notamment du canal de Suez (la route des Indes !), de l'Iran et de l'Irak, des pays pétroliers sous la coupe de la puissance impériale déclinante ! Et pourquoi le parti communiste français, le parti communiste le plus stalinien d'entre tous, joua un rôle décisif en 1947-48 en apportant son soutien aux sionistes, alliés de Moscou !
Autrement dit, c'est l'histoire du passage des Juifs de l'Est à l'Ouest, attirés par le capitalisme triomphant : l'URSS a disparu en 1991 parce qu'elle n'avait plus de raison d'être !
Aujourd'hui, c'est l'islam qui est devenu un enjeu entre les deux grandes puissances qui se font face : la Chine et les États-Unis. Parti d'Asie, le tsunami atteint déjà la rive sud de la Méditerranée,  du Maroc à la Mésopotamie. Tout comme les juifs hier, les musulmans sont traversés par un courant "révolutionnaire", alimenté par des "réflexes" religieux. Saurons-nous enrayer le fatal engrenage de la guerre - qui sera, cette fois, totale : économique et financière bien sûr, mais également terroriste, raciale et religieuse, sans oublier...l'arme nucléaire ?

A lire : "Et si l'Italie était la solution ?" (pour sauver le Liban et mettre fin au conflit israélo-palestinien) chez lepublieur.com
On le trouve sur les sites du Publieur et les autres, notamment sur celui de la Librairie Dialogues de Brest, tout comme on peut le commander chez son libraire préféré. 
  

HENNEBONT-PARIS-TERMINUS (4)

Ainsi ai-je appris à Paris ce que l'on ne pouvait même pas soupçonner à Hennebont ! Après la mascarade de 1958, où l'on défila beaucoup en criant, comme des imbéciles "Le fascisme ne passera pas", de Gaulle est passé "comme une lettre à la poste", et j'ai pu voir à la SNECMA combien les ouvriers ne regrettaient pas la IVe République ! 
Il me fallait dire ce que j'avais découvert, ce que j'avais appris dans ce quartier de Paris, ouvrier et populaire (et qui est devenu aujourd'hui chinois !). J'ai donc quitté l'usine pour écrire un roman, que j'ai donné à lire à Colette Audry, une femme d'exception, elle-même romancière, qui avait été, je crois la seule femme ministre dans le gouvernement de Front populaire de 1936, et dont j'ai fait la connaissance à la Nouvelle Gauche, fréquentée en ce temps-là par Michel Rocard, Pierre Naville, Claude Bourdet, Gilles Martinet, André Essel (le fondateur de la FNAC, ancien trotskiste) et bien d'autres "vedettes" de la gauche non-communiste... Elle le porta à René Julliard qui le publia presque aussitôt. Julliard, un grand éditeur, qui venait d'obtenir un énorme succès avec le premier livre de Françoise Sagan ( Bonjour tristesse) n'hésita pas à me prévenir :" Vous êtes un écrivain, mais vous ne serez connu qu'après votre 4e ou 5e ouvrage. Ne vous faites aucune illusion, les écrivains qui vivent de leur plume, on les compte sur les doigts de la main ! Il vous faut trouver un emploi pour vivre !" J'ai donc commencé comme magasinier... chez Julliard avant d'entrer chez Hachette, puis à l'Agence France-Presse... pour retourner chez Hachette où j'ai participé à Mai 68... avant de retourner à l'AFP jusqu'à... l'âge de la retraite !


      ***                                           
                                                                                           


Depuis, j'ai écrit, et beaucoup réfléchi, et avec le recul, les événements auxquels j'ai participé, ont pris tout leur sens. Je viens de publier chez un éditeur en ligne (lepublieur.com) un ouvrage dans lequel j'expose ma théorie, une véritable découverte que personne n'a encore osé exposer; ceux qui l'ont déjà lue la jugent pertinente et convaincante - surtout au Liban, géographiquement situé, avec la Palestine, au coeur du conflit mondial. Car la Grande Guerre, qui s'avance vers nous pour la 3e fois, a débuté à la fin du 19e siècle lorsque l'Empereur d'Allemagne, Guillaume II, se présenta en Terre sainte, à Jérusalem, et que l'Angleterre, maîtresse du canal de Suez et de l'Égypte, prit peur pour son immense Empire, dont l'Inde était à la fois le fleuron et le socle ! Tous les Anglais, à l'appel de Rudyard Kipking, étaient devenus "indiens" ! L'Empire ottoman fut brisé, anéanti en 1918, et ses possessions furent partagées entre l'Angleterre et la France.  (à suivre)


                                           


HENNEBONT-TERMINUS (3)

Quelques jours plus tard, nous vîmes débarquer à notre réunion de cellule d'entreprise tous les dirigeants locaux du parti, Bernard Jourd'hui en tête ! Celui-ci exigeait mon exclusion, qui lui fut refusée par un vote unanime des camarades présents, des jeunes que j'avais fait adhérer récemment pour la plupart, dans le combat que nous menions dans l'usine contre le rappel du contingent en Algérie ! Jourdhui insista :" La Fédération exige une exclusion, à tout le moins temporaire, d'au moins un an !" Pour nous intimider, il nous raconta alors comment il avait chassé du Parti l'ignoble André Marty !  - Ce salopard est venu jusqu'à la section, en pleurnichant :" tu te rends compte, Bernard, ce qu'ils sont en train de me faire !", je l'ai pris par le colback, et je l'ai balancé dehors sur le trottoir, fit-il, le visage rougi par une indignation toujours présente.
C'était effrayant. D'autant plus effrayant, que le malheureux Bernard, promis au plus bel avenir, a disparu quelques années plus tard, après avoir perdu toutes ses fonctions, tous ses mandats, destitué impitoyablement, sans que l'on sache vraiment pourquoi ! Et il est mort, jeune, à 54 ans je crois. J'ai lu qu'au tout début des années 60, il adhérait plus ou moins au "groupe Servin-Casanova", deux autres dirigeants du parti limogés par l'équipe au pouvoir. Ne m'intéressant plus aux choses de ce parti, je n'ai pas cherché à en savoir plus. Mais, parfois, je me demande si Bernard  ne s'est pas jeté dans la Bièvre, cette petite rivière mythique qui coule... sous la SNECMA et tout le 13e arrondissement, transformée en égouts se déversant dans la Seine ! On sait que les Staliniens furent terribles envers leurs anciens "camarades" de parti, des renégats, disaient-ils avec dégoût (toujours les termes religieux !) les poussant jusqu'au suicide, n'ayant de cesse de les éliminer d'une manière ou d'une autre. Une rupture est toujours un drame pour un dirigeant qui a fait sa carrière au sein d'un parti, à fortiori dans un parti de type stalinien, totalitaire. A côté de chez nous, à Lanester, dans cette vieille municipalité communiste, entre Lorient et Hennebont, où Jean-Claude Perron (un homonyme du Maire d'Hennebont !) avait quitté le PC pour conduire une liste de type "initiative citoyenne" et enlever la Mairie, administrée par le parti depuis 1919, on imagine le "tremblement de terre" ! Son suicide en 2004 a plongé la ville dans la stupeur. Quelles qu'en soient les raisons (et un suicide, c'est presque toujours inexplicable) je me souviens de ce que nous a dit Pierre Hespel, un militant communiste, remarquable, dans le nord de la France, qui fut l'un des plus jeunes déportés de France (à 17 ans), exclu pour titisme : " Vous ne pouvez pas imaginer ce qu'ils ont fait pour me supprimer..." 
Lorsque un an plus tard, Bernard Jourd'hui me demanda si je voulais reprendre ma carte, je lui répondis, avec calme et détermination :" Non !".
Maintenant que j'avais découvert, de l'intérieur, la vraie nature de ce parti, je savourais trop une liberté retrouvée.  (à suivre) 

HENNEBONT-PARIS TERMINUS ! (2)

Au retour, dans l'atelier, évidemment les "anciens" m'attendaient avec impatience, et, le sourire en coin, goguenards, ou hochant la tête avec commisération, " Tu vois, ça continue, les dirigeants du parti déconnent, ils collent au train des socialos". Alors moi, comme un jeune con, je défends la politique du Parti, je répète bêtement ce que nous raconté le prof : le compromis, l'art de faire un compromis comme Lénine"! Le ton monte, on échange de mauvais arguments, et à ma grande stupeur, l'un de mes contradicteurs, que je connais bien,  un ancien du Parti, le plus virulent, visiblement à bout devant mon aveuglement, me lance:" Sale juif !", avant de partir, un peu gêné, me semble-t-il. J'en reste coi, déboussolé, je n'ai pas compris son insulte, mais je viens d'entrevoir, d'un coup, "ce qui s'est passé à la Libération" entre le parti communiste et les travailleurs : un divorce, ressenti comme une trahison par ceux qu'il prétendait défendre. Mais ce divorce n'avait-il pas eu lieu en fait, dès 1939, lorsque Staline s'était entendu avec Hitler pour se "partager" la Pologne et l'Europe centrale ? Et, si nous remontons aux sources, ne s'était-il pas produit dès le début de l'URSS, lorsque Staline prétendit construire le socialisme (sic) en un seul pays ?
L'heure de vérité s'approchait à grands pas : en février 1956, lors du XXe Congrès du PC soviétique, Khrouchtchev, dans un rapport secret dénonça une (infime) partie des crimes de Staline, en les attribuant (le gros malin) au "culte de la personnalité" ! C'est le journal Le Monde qui publia, quelque temps plus tard, ce rapport prononcé à huis clos devant les délégués et les représentants des partis étrangers, dont le nôtre ! Et pourtant, ils passèrent leur temps à nier l'existence de ce rapport... fabriqué, selon eux, par la CIA ! Et pourtant, ce rapport, de toute évidence, improvisé par un dirigeant, visiblement heureux de pouvoir enfin révéler un petit bout de la vérité sur le monstre qui avait plongé la Russie dans la terreur et le goulag, ne mentait pas, lui !
J'adressai une lettre au Comité Central pour lui demander de réhabiliter le "camarade" Tito, et de soutenir Khroutchtchev contre les Staliniens. Une rude bataille opposait les deux clans au sommet du parti, et l'on sentait bien que les staliniens le contrôlaient encore. Pour moi, ça n'était plus possible : pour réconcilier la classe ouvrière avec le parti, la dénonciation du stalinisme était un préalable ! (à suivre) 


HENNEBONT-PARIS TERMINUS (1)

L'information selon laquelle le groupe parlementaire s'était montré divisé conforta plutôt ceux qui désapprouvaient le vote. C'était bien la première fois que l'on apprenait, à la base, qu'il existait des divergences au sein du parti ! Roger Garaudy, alors membre de la direction du parti, ayant publié un livre au titre "provocateur" La Liberté, je l'achetai, par curiosité et sans doute pour fronder. Garaudy était un intellectuel prestigieux, qui sentait déjà le soufre. J'avais failli faire sa connaissance d'une drôle de manière ! Le dimanche matin, je vendais l'Huma-Dimanche au métro Villiers avec l'autre jeune de la cellule, Pierre Dessuant, et, lorsqu'il nous restait des numéros, nous allions finir de les vendre, avant de rentrer déjeuner, à la sortie de l'Église d'à côté, rue Cardinet ou rue de Tocqueville, je ne sais plus, un peu par provocation, mais parmi les fidèles, il y avait des sympathisants ! L'un d'eux, un curé du nom de Henri Grouès, était devenu célèbre durant l'Hiver 54 sous le nom d'Abbé Pierre; il m'achetait le journal, et un jour, il me proposa de venir à une réunion-débat qu'il organisait l'après-midi dans leur local qui se trouvait dans les parages, du côté de la Porte de Champerret ou de Levallois (je ne sais plus trop bien). Et pour m'allécher, il me dit : " Et tu sais qui vient  conduire les débats ? Un  grand dirigeant de ton parti " ! J'étais  incrédule, je ne voyais pas qui parmi nos dirigeants pouvait assister à une telle réunion ! - Roger Garaudy, me fit-il, amusé et content de m'avoir surpris. Et comme j'ouvrais grand les yeux, il précisa :" C'est un esprit ouvert, et partisan du dialogue avec les chrétiens..." Malgré tout, j'étais trop à ce moment-là en rupture avec l'Église pour avoir envie de participer à ce dialogue-là; le dialogue, pour moi, et qui importait le plus, c'était avec les ouvriers, la "classe ouvrière" comme on disait encore ce temps-là, qu'il fallait l'avoir !
Je fus tout de même un peu surpris lorsque le prof me dit :" Il faut que je t'emmène à la Fédé, Bernard Jourd'hui veut te voir...". Le malheureux, je dis bien malheureux lorsqu'on sait (?) comment il a fini, m'attendait... pour me sermonner :" Te rends-tu compte dans quelle situation tu me mets ? On me dit que tu perturbes l'école avec tes questions ! C'est moi qui t'ai sélectionné. Promets-moi de ne plus troubler le stage, sinon tu arrêtes ! 
Je lui fis la promesse de me tenir à carreau...  (à suivre)

HENNEBONT-PARIS (9)

Lorsqu'on apprit que Guy Mollet, le chef du parti socialiste SFIO, avec le soutien du parti, devenait Président du Conseil, il y eut des remous dans les cellules, tant à l'usine que dans le quartier ! Pour les "communistes", les "socialistes" étaient des "social-traitres", des "collabos" de la bourgeoisie et du patronat ! Cette hostilité remontait bien sûr à 1920, au Congrès de Tours, au schisme dans le mouvement ouvrier, et depuis la Libération, à un autre schisme, la fracture syndicale FO-CGT, financée par les puissants syndicats américains et la CIA. Mais dans la cellule du quartier, la désapprobation fut également vive, du fait que les camarades juifs ne cachaient plus leur préférence pour PMF...
A la SNECMA, Bernard Jourd'hui me proposa de participer à une "école fédérale" du parti, car, disait-il, il avait apprécié mon action, et  notamment cette lettre à Mendès France... Je pris donc 15 jours de congé pour assister à ce stage qui se tenait dans le 20e arrondissement. C'est au cours de cette école, dirigée par un certain Mialet, je crois (c'était un conseiller municipal de Paris, permanent du parti bien entendu) que nous apprîmes que, dans la nuit, le parti avait voté les "pleins pouvoirs" à Mollet-Lacoste qui demandaient le "rappel du contingent" pour intensifier la guerre en Algérie ! Nous étions abasourdis, et Mialet dut se décarcasser pour répondre aux nombreuses questions, dont les miennes !, qui s'exprimaient à toutes les tables (nous étions  vraiment assis à des pupitres, comme à l'école !). Pauvre prof, accablé par ses élèves ! Mais, c'est lorsque des cheminots, arrivant en retard, s'expliquèrent avant de s'asseoir : "Excusez-nous pour ce retard, nous avons voulu passer à la gare, voir comment les camarades réagissaient (je crois qu'il s'agissait de la Gare de l'Est)... Ils désapprouvent le vote de cette nuit ! Et on a eu du mal à le justifier !" que nous prîmes conscience que notre malaise était partagé. Alors, Mialet, nous dévisageant tous, haussa le ton, et sans doute était-il passé à la Fédé avant de venir  pour affûter les "arguments" que le Parti allait devoir opposer à une base qu'elle devinait récalcitrante, il nous débita un discours magistral  : " Camarades ! Il faut savoir réaliser un compromis. Car il s'agit d'un compromis... Lénine, lui-même, a réalisé des compromis ! Le compromis n'est pas une compromission ! Quelle que soit notre opinion sur le parti socialiste, c'est avec lui qu'il faut réaliser l'unité de la classe ouvrière. Ce sont les deux partis ouvriers ! L'ennemi de classe aurait bien aimé que nous nous divisions ! Nous avons déjoué les manoeuvres de la droite... Et comme nous avions l'air plutôt sceptique, Mialet nous décocha un ultime argument-massue :" Maurice lui-même est intervenu devant le groupe parlementaire qui était divisé. C'est son intervention qui a convaincu le groupe qui a finalement voté pour à l'unanimité" ! (à suivre)

HENNEBONT-PARIS (8)

On apprit quelques jours plus tard qu'ils avaient rendu leur carte à la Fédé, certains en pleurant ! Ainsi, rapidement, la géopolitique nous rattrapait, en nous imposant les premières vagues de la marée, non plus atlantique, mais méditerranéenne : Algérie, Maghreb, Égypte... Cette année-là fut en effet marquée par un évènement majeur en Asie, qui marque pour moi le début de la vertigineuse ascension de la Chine : Bandoeng ! La Conférence (en 1955)  réunissait en Indonésie les chefs des pays "neutres" (Nehru, Nasser, Tito, Soekarno...) mais c'est l'arrivée triomphale, à la fin de la Conférence, de Chou en Laï, le ministre des Affaires étrangères de la Chine qui marqua les esprits : la Chine supplantait la Russie post-stalinienne, affichant déjà ses ambitions mondiales.
A Paris, la "pacification" de l'Algérie contraignait le pouvoir à dissoudre l'Assemblée, provoquant des élections anticipées le 2 janvier 1956. Les socialistes, les radicaux et leurs alliés avaient constitué un Front Républicain, excluant les communistes. J'avais formé à la SNECMA un comité réunissant de nombreux jeunes; j'adressai à Pierre Mendès France une lettre, au nom de ce comité, pour lui "demander de réaliser un Front populaire plutôt qu'un Front Républicain"! La réponse nous parvint, "malheureusement" négative ! Nous la distribuâmes, en tract, dans l'entreprise. PMF expliquait que  "le Front Républicain suffisait", sans pour autant être hostile au PCF. Nous avions comme candidat, Bernard Jourd'hui, un ancien métallo, qui avait une tête de boxeur (c'était, en fait, un ancien boxeur amateur !), et qui travaillait à l'AOIP, après avoir été licencié de chez Panhard, pour militantisme. Il fut élu député le 2 janvier 1956, et devint le plus jeune député de l'Assemblée nationale ! Il connaissait une ascension remarquable qui le plaçait à égalité avec Georges Marchais, au sein de la Fédération. On parlait de lui comme d'un futur secrétaire général. Bref, sans que nous le sachions, il était en concurrence avec l'autre métallo de l'Appareil, Georges Marchais !
La victoire électorale du Front Républicain faisait de Pierre Mendès France le favori pour la Présidence du Conseil (à suivre)

lundi, décembre 05, 2011

HENNEBONT-PARIS (7)

Ces camarades avaient envahi plusieurs cellules dans Paris, et posaient des questions embarrassantes ! "Pourquoi, demandaient-ils, Moscou soutient Nasser qui emprisonne les communistes égyptiens ? Nous sommes obligés de fuir, de nous réfugier en France, ou ailleurs". Dans la cellule du 17e arrdt, des divergences commençaient à s'exprimer. Et c'est Mendès France qui leur en fournissait l'occasion. Les uns l'attaquaient violemment en le dénonçant "comme l'homme du réarmement allemand " : il avait cédé aux pressions américaines en signant les Accords de Londres "qui réarmaient les revanchards allemands", les autres répliquaient en disant :" Il a quand même fait la paix en Indochine à Genève, il n'est si mal que ça !" - Oui, mais c'est l'homme du Grand Capital ! Il est soutenu par Le Monde ! (ah, le Monde, ce journal de la "grande bourgeoisie intelligente" !). Mais c'est l'affaire yougoslave qui suscitait le plus de critiques, parce que le parti ne donnait aucune explication à cette "erreur" (sic) ! Décontenancé par ces interrogations sans réponse, je me résolus à rendre visite au secrétaire de la section, le camarade Bassompierre (un brave type qui m'avait à la bonne), dans l'espoir d'obtenir des éclaircissements. - Ah, toi aussi, fit-il en m'accueillant. Il faut avouer, reprit-il après un silence. Visiblement, il s'interrogeait comme beaucoup. - On a publié des brochures sur le cas Tito, mais je ne vais pas te les donner... Elles sont dépassées ! Attendons les prochaines, fit-il avec ironie. Et l'Huma va nous fournir des explications... - En attendant, dis-je, ça discute dur dans la cellule, à propos de Mendès France. Il y a des camarades qui sont influencés parce que'il a fait la paix en Indochine ! Et pourtant, c'est l'homme du Grand Capital ! assénai-je avec conviction. - Mais c'est normal qu'il y ait des copains de votre cellule qui soient sous son influence... Et comme je n'avais pas l'air de comprendre, il lâcha à mi-voix :" Ces camarades sont juifs... et Mendès France est juif ! Mon étonnement le surprenait, de toute évidence. Ou pensait-il que je faisais l'imbécile ? Ou que j'étais  juif ? - On a déjà eu des problèmes, il y a quelques années, avec ces camarades... à propos d'Israël ! Certains ont même quitté le Parti. Au fait, est-ce que les camarades égyptiens sont passés vous voir ? - Oui, ils se posent eux aussi des questions... - La Fédé va prendre une décision. On va probablement les exclure. Ils créent un trouble dans les cellules...  (à suivre)

HENNEBONT-PARIS (6)

Étant l'unique ouvrier de la cellule de mon quartier, le secrétaire me confia le soin de présenter et commenter la "thèse" de Maurice Thorez ! Je me souviens avoir eu beaucoup de mal à la justifier; au contraire, je ne pus dissimuler mon scepticisme. Je ne trouvais pas mes camarades d'atelier "malheureux", et ayant appris ou compris que j'étais un nouveau militant du parti, les anciens (qui l'avaient quitté) venaient "mettre au parfum" ce jeunot qui avait le don de les écouter, en lui racontant l'incroyable comportement des cadres du parti à la Libération ! Lorsque Thorez, alors Ministre dans le gouvernement du Général de Gaulle, avait donné le mot d'ordre de "produire plus", les responsables du Parti, qui contrôlaient l'usine, avaient instauré le chronométrage sur chaque machine, et souvent, le "chrono" était lui-même un membre du Parti ! Bref, c'était du stakhanovisme - comme en URSS ! "Ils ne nous écoutaient même pas", "le Parti ne se trompe jamais, le Parti a toujours raison", "ah ça, combien de fois ils nous l'ont rabâché cette phrase-là "! J'étais sidéré, je découvrais que parmi les ouvriers, le parti avait beaucoup d'adversaires. "Et la grève Renault ? La grande grève de 1947 ? Ils l'ont combattue, ils montaient à la cantine pour nous dire "qu'il ne fallait pas la suivre parce qu'elle avait été déclenchée par des ennemis du Parti, des trotskystes qui voulaient que le PC quitte le gouvernement ! Et puis, deux jours plus tard, les voilà qui nous tiennent un autre discours ! Camarades, il faut rejoindre la grande grève Renault, et hop, de décréter la grève à la SNECMA, comme ils avaient l'habitude de le faire en appuyant sur un bouton". Et les titistes ? Combien ont été exclus du parti parce qu'ils donnaient raison aux Yougoslaves ! Et tu vois maintenant, ils disent qu'ils se sont trompés ! Y a pas que là qu'ils se sont trompés, crois moi !" Les anciens exhalaient leur rancoeur, et prenaient leur revanche, le "jeunot" les écoutait, lui ! J'avais constitué une cellule d'équipe avec quelques jeunes, et nous nous réunissions hors de l'usine, dans le local du Parti, si bien que j'appartenais à deux cellules fort différentes l'une de l'autre, mais toutes deux baignant dans un environnement contestaire. Car, soudainement, se présentaient dans la cellule de mon quartier... des camarades égyptiens qui fuyaient le régime du colonel Nasser ! (à suivre). 

HENNEBONT-PARIS (5)

En 1955, lorsque j'entrai à la SNECMA, je fus très surpris de découvrir boulevard Kellermann, sur le terre-plein face au vieux stade Charlety (depuis remis à neuf) des files de voitures en stationnement ! Un camarade d'atelier, devinant mon étonnement, me dit :" Eh, oui ! Aujourd'hui les ouvriers viennent travailler en voiture !". Moi qui venais d'Hennebont, je croyais que seuls des gens "riches", ou des patrons !, pouvaient se payer une voiture !    Dans ce quartier ouvrier, chargé d'histoire, avec la vieille usine Panhard de l'autre côté de la Porte d'Italie, et à l'arrière-plan  l'.A.O.I.P (une coopérative ouvrière fabriquant des instruments de précision), tout contre la célèbre Butte-aux-Cailles, théâtre de combats particulièrement sanglants en 1871 entre Versaillais et communards, ma "conscience de classe" allait en prendre un coup. J'arrivais (ce n'est que plus tard que je l'ai compris) au moment où la France faisait ses premiers pas (avec retard) dans le 20e siècle, c'est-à-dire dans la "société de consommation". Politiquement, cela se traduisait par la fin du "communisme", et l'accession au gouvernement de Pierre Mendès France, apôtre du système "travailliste", calqué sur celui d'Outre-Manche. (Et c'est ce qui a perdu, à mon avis, Pierre Mendès France, viscéralement attaché au régime parlementaire, hostile au régime présidentiel par conséquent, ce qui permit à François Mitterrand de le supplanter aisément lors des futures élections présidentielles). 
La SNECMA était une vaste usine moderne, propre, faite pour construire des moteurs d'avion à réaction, avec ses ouvriers professionnels et ses techniciens. Très politisés, malgré le tri "sélectif", les ouvriers avaient vécu là une expérience extraordinaire à la Libération où le PC, avec Charles Tillon, était maître de l'usine; il y avait les anciens membres du parti, les plus nombreux, et les nouveaux, comme moi, mais sans expérience. Si la mort de Staline, en 1953, annonçait celle du "communisme", ce n'est qu'en 1955 (lors de la "réconciliation" avec la Yougoslavie)  et surtout, en mars 1956, après la divulgation du rapport "secret" de Kroutchtchev sur les crimes de Staline, que les bouches s'ouvrirent ! En novembre 54 avait éclaté l'insurrection dans les Aurès; Mendès France, qui s'en était bien sorti en Tunisie, patinait en Algérie, d'autant que son ministre de l'Intérieur, François Mitterrand déclarait :" En Algérie, une seule solution : la guerre!". Alerté par les militants, encore nombreux dans les grandes entreprises, que les travailleurs avaient tendance à s'installer dans la "société de consommation", achetaient une voiture, et la télévision (celle-ci connut un véritable boum en 1954 avec la Coupe du Monde de football qui se tenait en Suisse), rêvaient d'acheter une caravane pour partir en vacances "sur la route du soleil", Maurice Thorez (peut-être plus en possession de tous ses moyens ) pondit une thèse extravagante intitulée "La paupérisation absolue de la classe ouvrière" dans laquelle il affirmait que les ouvriers vivaient "plus mal" qu'au 19e siècle !  (à suivre)

HENNEBONT-PARIS (4)

Sur ce, Auguste Lecoeur, le secrétaire à l'Organisation, est destitué puis exclu du Parti pour des raisons mystérieuses (?). En réalité, Maurice Thorez, malade, est parti se faire soigner en URSS en 1950. Il reviendra, très affaibli, en 1953. Durant son absence, dauphin désigné ou auto-proclamé, maître de l'Appareil, Lecoeur sent venu le temps de la revanche. Depuis la fin de la guerre deux fractions s'opposent pour le contrôle du parti : les moscovites, autour de Thorez-Vermersch, réfugiés à Moscou pendant la guerre, et les résistants, dont Lecoeur, l'initiateur de la grande grève des mineurs dans le Nord sous l'Occupation. On imagine que le clan inféodé au Kremlin éliminait un dangereux concurrent. Déjà, en 1952-53, ils avaient fait tomber le groupe Marty-Tillon. Le premier était auréolé d'une gloire  acquise par son action dans la lutte des marins de la mer Noire en 1919, élu député après la Libération dans le 13e arrondissement de Paris, et Charles Tillon, un Breton !, ancien Ministre de l'Air sous de Gaulle en 1945, supervisant à ce titre les usines de la SNECMA où l'on n'avait pas oublié ses grands discours prononcés dans le hall qu'il commençait toujours par "Ah! comme j'aime sentir cette bonne odeur d'huile  brûlée" ! En 1955, un autre Breton, Pierre Hervé, rédacteur en chef de l'Humanité, était exclu du parti... Comme on le voit, j'avais donné mon adhésion à un Parti qui était en train de se vider de son sang...
C'est en 1954 que j'ai découvert à la fois le phénomène juif au sein du  Parti, et... l'intégration de la "classe ouvrière" dans la société de consommation. (à suivre)

HENNEBONT-PARIS (3)

La cellule était encore sous le coup de la mort de Staline, et d'un autre événement dramatique : l'exécution aux États-Unis d'Ethel et Julius Rosenberg, intervenue la même année, le 17 juin au matin. Des pétitions, signées par des gens de toutes obédiences, n'étaient pas parvenues à fléchir le Président des États-Unis, le Général Eisenhower, l'un des grands vainqueurs de la Deuxième Guerre mondiale ! Deux militants "communistes" condamnés à mort et exécutés aux États-Unis en 1953 ! Trois mois après la mort de Staline ! D'une manière très significative, on ne disait pas :"deux juifs", mais "deux communistes" ! On tentait de dissimuler la réalité effrayante : 8 ans à peine après le "génocide des juifs" commis en Europe, deux d'entre eux étaient exécutés en Occident, et, pis encore, aux États-Unis où des millions d'entre eux avaient émigré depuis un siècle, constituant désormais outre-atlantique la plus importante communauté juive du monde ! 
Certes, la "guerre froide" était devenue "chaude" en Corée en 1950, mais la négociation qui s'éternisait entre les deux Corée aboutissait soudainement, en juillet 1953, une fois Staline disparu. De même le "dégel" s'amorçait en URSS, et Mendès France signait à Genève, l'année suivante, le traité qui mettait fin à la guerre d'Indochine. Dans la foulée, la CED était repoussée par le Parlement, avec son appui ! Coup sur coup, on sabla le champagne dans les cellules : le Parti retrouvait des couleurs. A Moscou, une troïka se mettait en place, et après avoir éliminé Beria, Khrouchtchev débarquait, en 1955, à Belgrade se "réconcilier" avec Tito, le "traître", l'hitlero-trotskiste :" Nous nous sommes trompés, camarade !" s'écria-t-il en l'embrassant sur la bouche ! 
Devant ce spectacle renversant, nombreux furent ceux qui tombèrent de leur chaise  dans les cellules ! Comment pouvait-on  confondre un "communiste" avec un "fasciste" ? La rupture entre Moscou et Belgrade était récente (1948) et elle avait entraîné des scissions dans presque tous les partis communistes... (à suivre) 

HENNEBONT-PARIS (2)

Je tenais à rappeler cette "entrée en matière" dans un monde (le monde "juif") dont j'ignorais tout - et je n'étais pas le seul dans ce cas, surtout en Bretagne ! Ainsi Jo Robic, un voisin qui vient de mourir, et qui était devenu un ami, me disait encore quelque temps avant sa mort (on bavardait souvent au café du coin le Du Guesclin, à la Maison Rouge - devenu une boulangerie aujourd'hui) " Tu vois Gaby, je n'ai jamais rencontré un juif de ma vie ! J'ai lu tes livres, enfin pas tous !, et je suis très étonné !"... C'est donc à Paris, et dans l'univers "communiste" que j'ai découvert ce monde-là, mais pas tout de suite ! C'est peu à peu qu'il s'est révélé à moi, à travers l'histoire du parti communiste français !
Dans la cellule "bourgeoise" du 17e arrdt, les 3/4 des adhérents étaient "juifs" ! Naturellement, je n'en savais rien. Pour moi, c'étaient tous des "communistes", des membres du Parti de Lénine et de Staline ! En ce temps-là, on luttait contre "la sale guerre d'Indochine" et contre la C.E.D. (la Communauté Européenne de Défense) qui réarmait l'Allemagne, et l'intégrait dans l'OTAN, dirigée contre l'URSS ! Il régnait alors dans le parti, une atmosphère étrange, une ambivalence trompeuse. Je sais aujourd'hui que le PCF est mort cette année-là, en 1953, alors que nous allions remporter coup sur coup deux victoires extraordinaires qui plongèrent les militants dans une euphorie joyeuse : la fin de la guerre d'Indochine et le rejet de la CED par l'Assemblée Nationale ! Un homme politique, différent des autres, était-ce dû au hasard ?, je ne le pense pas, devint l'année suivante, Président du Conseil : Pierre Mendès France. (à suivre)

HENNEBONT-PARIS 2e PARTIE (1)

J'ai donc fait mon stage de formation professionnelle accélérée à Issy-les-Moulineaux, et c'est Georges Marchais, alors secrétaire de la Fédération de la métallurgie de la Seine qui m'a remis ma première carte syndicale de la CGT ! Six mois plus tard, j'entrais à la SNECMA (comme fraiseur) dans le vaste hall du rez-de-chaussée de l'usine face au vieux stade Charléty. Le directeur de l'atelier, un "sous-marin" du parti, me fit la leçon :" Tu fais ton travail, surtout tu ne quittes pas ta machine, tu ne milites pas ! On verra ça dans quelques mois...". Je travaillais en équipe (matin/soir). J'habitais alors dans une pièce située dans une arrière-cour, rue de Tocqueville, dans le 17e arrdt, un quartier bourgeois de la capitale. J'eus ainsi la chance d'appartenir à deux cellules, celle de l'usine et celle du quartier, complètement différentes l'une de l'autre ! J'avais sous les yeux "deux" partis, et c'est sans doute cela qui m'a aidé à "piger" vite, je veux dire à découvrir la véritable identité du parti communiste français... 
Je dois préciser que, sous l'Occupation, à Hennebont, nous avions été dénoncés par une lettre anonyme évidemment... comme "juifs " ! (Je l'ai appris il y a peu, par mon frère). Je me souviens de la visite des gendarmes à la maison, et l'affolement de ma mère qui s'était empressée de rassembler tous les "documents" qu'elle jugeait compromettants, de simples lettres échangées par mon père avec des clients, dont certains étaient juifs, et qu'elle confia à notre voisine et amie, Mlle Iziquel... Je rappelle cette anecdote pour souligner que j'ignorais ce que c'était qu'un "juif"  ! En Bretagne, il y en a très peu, et la personne à l'origine de la dénonciation ne le savait pas non plus, puisque que, connaissant ma mère et ma grand-mère, il savait très bien qu'elles étaient bretonnes ! Mais le nom sans doute de mon père lui avait donné quelque idée à ce sujet  (dans quel but ? Nous ne le saurons sans doute jamais). Mon frère m'a alors raconté, bien plus tard, qu'il s'était rendu à la Mairie, et que là, on lui avait dit de ne pas s'inquiéter, car ils savaient très bien que notre père n'était pas juif ! Il était venu, en effet, à Hennebont, plusieurs fois, avec sa jeune femme, et bien des gens se souvenaient de lui... J'imagine qu'ils avaient dû les voir le dimanche à la messe ! (En bon maronite, il "pratiquait", et je pense qu'il tenait à répondre à la curiosité des gens du coin qui devaient se poser des question sur cet "estranger", en leur montrant qu'il était aussi "catholique" qu'eux !). (à suivre)

dimanche, décembre 04, 2011

HENNEBONT, UNE SURVIVANCE "COMMUNISTE" EN BRETAGNE ! (7)

Ainsi comprendrez-vous pourquoi, à peine débarqué Gare du Nord, je fonçai Carrefour Chateaudun adhérer au Parti. Je sonnai à la porte blindée du Comité Central, et derrière une vitre j'aperçus le visage d'un homme qui m'examinait - Qu'est-ce que tu veux ? me dit-il sans plus. - Je viens adhérer... Une fois entré, j'aperçus des bulletins d'adhésion sur une petite table, et sur le mur un portrait de Staline barré d'un crêpe noir. Tandis que je remplissais le bulletin d'adhésion, et que mon vis-à-vis me disait - Tu en as de la chance, tu vas appartenir à la Promotion Staline !, un autre homme s'approcha que je reconnus immédiatement, car j'avais vu sa photo dans l'Huma : c'était Auguste Lecoeur, le nouveau Secrétaire à l'Organisation, récemment désigné à ce poste, que l'on présentait comme le dauphin de Maurice Thorez ! Me prenant à part, il me demanda ce que je comptais faire - Je m'en vais à Hennebont. Il m'interrompit - oui, mais tu as un projet ? Un emploi ? - Non, je ne sais pas ce que je vais faire... - J'en ai un pour toi, me fit-il en me prenant par le bras. Reste 15 jours à Hennebont, et reviens ! Je vais te faire entrer dans une grande usine de la métallurgie... - Chez Renault ? lui dis-je, intéressé, pensant tout de suite à la forteresse ouvrière - Non, chez Renault, le parti est fort, il y a suffisamment de militants... Non, c'est à la SNECMA que je vais te faire entrer... Et il m'expliqua :" C'est une grande usine qui fabrique des moteurs d'avion pour Dassault, qui se trouve dans le 13e arrdt, sur le boulevard Kellermann. Elle a été lockoutée sur ordre du gouvernement, à la suite d'une grève très dure. Jules Moch, le Ministre de l'Intérieur a même envoyé des chars sur le boulevard Kellermann ! Le parti et le syndicat ont été décapités. Ils ont réembauché le personnel, un par un, en triant sur le volet. Mais parmi les ouvriers professionnels et les cadres, il y a quand même des camarades du parti. Maintenant, il faut tout reconstruire - Mais je ne connais pas ce métier, lui dis-je - Ne t'inquiète pas, tu vas suivre une formation professionnelle accélérée de six mois, de fraiseur ou de tourneur, et tu te présenteras à l'embauche... Je lui racontai l'incident survenu à l'armée... - Ne t'inquiète pas, nous avons des sympathisants bien placés. Tu te tiendras à carreau pendant un an, et tu seras élu délégué du personnel... Naturellement, tu n'en parles à personne. Je dis bien à personne !
Voilà pourquoi quelques jours plus tard, à Hennebont, je vis débarquer chez nous, à la Maison Rouge, les camarades du parti, Eugène Crépeau en tête, venus me féliciter pour mon adhésion ! Ils étaient à la fois surpris et heureux - On ne s'y attendait pas, me dit Eugène, quand on se souvient... Et de me demander ce que je comptais faire  ! Je leur répondis que je retournais à Paris dans une quinzaine de jours pour y travailler. - Dommage, fit-il, lui qui  pensait pouvoir emporter la Mairie d'Hennebont cette année-là, une Mairie tenue depuis la Libération par un adversaire coriace, le Docteur Thomas. La fois suivante, en 1959, ce fut chose faite ! (à suivre)

HENNEBONT, UNE SURVIVANCE "COMMUNISTE" EN BRETAGNE ! (6)

L'après-midi même, la police militaire vint me harponner pour me conduire cher le commandant. Il était furieux :" Qu'est-ce qui vous arrive ? Staline est un assassin. Il fait tuer nos soldats en Indochine. Et vous voulez qu'on mette le drapeau en berne pour ses funérailles !  La vive discussion qui s'en suivit ne s'acheva que par... ma descente en cellule ! Et chaque jour,le commandant me faisait chercher pour reprendre la discussion. Il voulait me convaincre que j'avais tort, et surtout, il se rendait compte que j'étais sincère... et  naïf ! Et il s'inquiétait pour moi. Il avait adressé un rapport à la Sécurité militaire pour dire qu'il "avait démantelé un réseau communiste à Neustadt". N'avaient-ils pas découvert dans la chambrée, sous le matelas et dans mon placard le journal L'Humanité ( que j'achetais dans une librairie de la ville) interdit dans les casernes, et surtout, des "brochures de propagande" que j'avais commandées, dont le Manifeste de Karl Marx, et la dernière oeuvre "géniale" du camarade Staline, "les problèmes du socialisme en URSS" ? Mais la Sécurité militaire, après enquête, venait de l'informer que j'étais gaulliste, et le pauvre commandant n'y comprenait plus rien ! Il fallut tout lui expliquer, comment j'étais passé du gaullisme au communisme ! - C'est très grave, me dit-il, si vous allez devant le Tribunal militaire, vous allez être condamné... à de la prison. Vous comprenez ?
Quelques jours plus tard, à notre dernière rencontre, il me révéla, d'un air mystérieux, et en baissant la voix : - Pour en avoir le coeur net, j'ai téléphoné à qui vous savez... Et comme je semblais ne pas comprendre, il précisa :" - Mais si, à Colombey...
Je me mordis les lèvres pour ne pas éclater de rire. En tout cas, j'ai quitté Neustadt immédiatement, accompagné par des soldats jusqu'à la gare : j''étais muté à Trèves jusqu'à ma libération, et je perdais mon grade de caporal-chef ! L'un de mes accompagnateurs  m'apprit que dans la caserne, on commençait à s'agiter ! Sans doute à l'initiative de mon copain communiste...  (à suivre)

HENNEBONT, UNE SURVIVANCE "COMMUNISTE" EN BRETAGNE ! (5)

En effet, comme nul ne l'ignore, le "génial" camarade Staline a pris congé de nous début mars 1953. Le 5 au matin, ou dans la nuit, mais sa mort n'a été annoncée que le 7 ou le 8. Rétrospectivement, ce fut comique. L'Humanité, l'organe du Comité Central du Parti annonça d'abord à la UNE du journal :"Staline est gravement malade" puis, le lendemain, "Staline est mourant", enfin "Staline est mort" ! Le choc fut immense chez les "communistes". Moi qui venais d'adhérer (mentalement) comme les autres, je ressentis une peine incommensurable. Le Président de la République Vincent Auriol annonça que tous les drapeaux devaient être mis en berne en Allemagne le jour des funérailles à Moscou ! Or, notre commandant, un colonel (du nom de Colombani, je crois), qui rentrait d'Indochine répliqua "qu'il ne mettrait jamais les drapeaux en berne pour un homme qui faisait assassiner nos soldats en Indochine !". Le matin des funérailles, rassemblés devant la levée du drapeau, en sa présence, je regardai, avec accablement et indignation, le préposé à la levée, hisser le drapeau jusqu'au sommet du mât, le colonel, nous défiant du regard, un méchant sourire aux lèvres ! Sans doute nous prenait-il pour des viets prêts à bondir sur ses valeureux soldats ! A peine rentré à la caserne, je décroche le téléphone et appelle le Général commandant la Place d'armes, à Neustadt :" Mon Général, ici le caporal-chef (et naturellement je lui donne mon nom !) je tiens à vous signaler que le Colonel Colombani a refusé de mettre ce matin le drapeau en berne à l'occasion des funérailles du maréchal Staline ! C'est pourtant un ordre du Président de la République : il s'agit d'un acte d'insubordination grave ! Un silence me répond, le général semble interloqué. "Ah bon ! fait-il au bout d'un moment. Je vais voir... Quel est votre nom, dites-vous ?" (à suivre)

HENNEBONT, UNE SURVIVANCE "COMMUNISTE" EN BRETAGNE ! (4)

Je me souviens avoir écrit une longue lettre dans laquelle je lui expliquais que, malgré tout ou en dépit de tout, le parti communiste représentait la classe ouvrière, et comme il était, lui, "retiré des affaires", et qu'il avait dit qu'il n'avait pas sauvé la France pour la laisser à un Antoine Pinay, je ne voyais pas d'autre solution : rejoindre le parti des travailleurs ! Sa réponse est venue quelque temps plus tard, et là, je ne me souviens plus, ayant perdu la lettre, s'il l'avait lui-même signée, ou si elle émanait de son secrétariat. Ce qui est sûr, c'est qu'elle venait bien de Colombey, et elle me répondait en détail à tous mes arguments ! Ainsi, selon mon correspondant de Colombey, les toutes dernières élections législatives, celles que nous venions de perdre en juin 1951 (à  cause des "apparentements" qui avaient permis aux partis  de la 3e force d'endiguer la vague gaulliste) montraient qu'il était faux d'affirmer que le "parti communiste" était le parti de la classe ouvrière, l'étude des votes révélant que la plus grande partie des ouvriers n'avait pas voté "communiste", mais plutôt socialiste ou pour d'autres partis, y compris pour le RPF. La majorité des électeurs communistes provenait des salariés du secteur public, on ne pouvait donc pas dire qu'il était "le parti de la classe ouvrière", et il me demandait de réfléchir encore. Mais, de toute façon, me disait-il, il était sûr, que quelle que soit ma décision, "je resterais fidèle à la France". Je dois dire que cette lettre m'a sans doute épargné "le Conseil de guerre" ! (à suivre)

HENNEBONT, UNE SURVIVANCE "COMMUNISTE" EN BRETAGNE ! (3)

Après l'échec de de Gaulle aux élections législatives de juin 1951, le général rentré à Colombey, semblait être condamné à écrire ses Mémoires. J'allais sur mes 20 ans, et retour d'Irlande, où j'avais travaillé pendant presque une année à la Réception d'un hôtel prestigieux de Dublin, le Shelbourne, il me fallait poursuivre le combat "pour changer le monde", vocation née devant le spectacle des ruines d'Hennebont et de Lorient. Au service militaire, à Trèves, puis à Neustadt, j'avais fait la connaissance d'un jeune communiste qui devint vite mon camarade; son père travaillait à la RATP, et son avenir était tout tracé, il y rentrerait lui aussi, une fois démobilisé. Nous nous disputions au sujet de l'URSS, des camps de concentration, et il me disait, outré :" Comment, un type aussi intelligent que toi, peut gober de telles inepties ! Enfin, en URSS, les travailleurs sont heureux, ils construisent le socialisme, avec le camarade Staline, et bientôt ils atteindront le stade final du socialisme, le communisme !" J'avoue avoir été ébranlé par la sincérité et la conviction qu'il mettait dans ses répliques à mes diatribes anticommunistes. De Gaulle, mon père (n'ayant pas connu le mien, le général avait tout naturellement pris sa place !) écrivant ses Mémoires à Colombey-les-deux-Églises (du moins, c'est ce que je supposais), alors, pourquoi pas, adhérer au Parti ? Ce copain de chambrée n'était-il pas sincère ? Mais avant de franchir le (dernier) pas, je décidai d'écrire au Général, comme un fils écrit à son père avant de faire un choix qui lui semble important. (à suivre)  

HENNEBONT, UNE SURVIVANCE "COMMUNISTE" EN BRETAGNE ! (2)

A la fin de mon service militaire, effectué en Allemagne en 52/53, descendant du train gare de l'Est à Paris, je me précipitai au Siège du Comité Central, Carrefour Chateaudun... pour adhérer au Parti ! Gaulliste, avec mon frère, à Hennebont, depuis la fin de la guerre et sous l'Occupation, j'avais donné mon adhésion au RPF, en 1947 (j'avais 15 ans), le mouvement fondé par le Général de Gaulle. A Hennebont et à Lorient (où j'étais lycéen - au fameux Lycée Dupuy-de-Lôme, je dis fameux parce que j'y fis la connaissance d'un professeur d'exception, Yves Pérès, notre prof de français, poète à ses heures, méconnu comme beaucoup de ses pairs, et qu'il me donna  le goût de la lecture, et de l'écriture) je traversais une ville complètement rasée avant de rejoindre les baraques qui abritaient le Lycée à son retour de Guémené/sur/Scorff en 1945... Nous avions quitté Hennebont, en 1942, après les deux grands bombardements qui rasèrent Lorient poussant les gens à fuir vers des lieux plus sûrs. En ce temps-là, à la Libération, à Lorient et à Hennebont on voyait souvent des défilés d'ouvriers, notamment du bâtiment, et ceux de l'Arsenal, brandissant des drapeaux rouges, avec à l'arrière-plan ceux des Forges de Lochrist qui venaient grossir leurs rangs. Notre région était ouvrière, donc rouge, et mon coeur battait plutôt de ce côté-là, même si nous étions viscéralement opposés aux communistes inféodés à Moscou, notamment lors des campagnes d'affichage pendant les élections, alors nombreuses, au lendemain de la Libération. (à suivre)

HENNEBONT, UNE SURVIVANCE "COMMUNISTE" EN BRETAGNE ! (1)


jeudi, décembre 01, 2011

LETTRE OUVERTE A DOMINIQUE DE VILLEPIN





Cher Dominique,


La situation ne cesse de s'aggraver, tant à l'intérieur qu'à l'extérieur du pays. L'actuel Président de la République est rejeté par une très grande majorité de Français qui ne souhaite pas sa réélection en Mai 2012. Les causes de ce désamour sont multiples. C'est un fait que l'on peut constater un peu partout dans le pays, et ici en Bretagne, le rejet de la personne du Président, et de la politique qu'il incarne, semble encore plus fort qu'ailleurs ! Nos acquis sociaux, qui constituent le socle sur lequel reposait notre bien-être, sont démantelés jour après jour, tandis que le chômage n'épargne aucune région, plongeant toutes les couches sociales de la population dans une inquiétude profonde concernant l'avenir de nos enfants : nous ne sommes plus en mesure de leur garantir un emploi, qu'ils soient diplômés ou non.


La recherche d'une solution à la crise économique et sociale exige une mobilisation et une adhésion du peuple français à un projet alternatif crédible et réalisable rapidement. Le candidat du parti socialiste, François Hollande, dont nul ne conteste la sincérité ni la compétence, ne suscite aucun enthousiasme du seul fait que le "projet" de son parti, le parti socialiste, reste flou, invérifiable, et, par conséquent, incapable de provoquer l'adhésion populaire indispensable pour conduire un vaste programme de reconstruction nationale. Son élection, qui ne fait guère de doute, risque d'être à l'origine d'une formidable déception d'où surgira probablement ce que l'on peut appeler un "fascisme à la française". D'autant que la menace d'une grande guerre se précise au Proche et au Moyen Orient, qu'il sera difficile de circonscrire à cette région, compte tenu des liens qui l'unissent au Maghreb, par la religion, et à l'Europe en raison d'une immigration nombreuse en provenance de ces pays, une nouvelle vague n'étant pas exclue après l'instauration de régimes fondamentalistes, encore plus "fermés" que les dictatures renversées !


Pour moi, la seule politique alternative crédible est la suivante : afin de maintenir la coopération entre la France et l'Allemagne, moteur de la construction européenne, menacée par un déséquilibre croissant entre nos économies, il s'avère indispensable de renforcer notre pays. Pour le reconstruire, il est nécessaire de faire appel à tous ceux qui pratiquent notre langue, ou qui nous sont liés par l'histoire, en leur proposant l'édification d'une force francophone rassemblée au sein d'un ensemble à dimension planétaire. Ce qui donnera un objectif à des populations qui sont, comme nous, en recherche d'avenir : d'abord les DOM-TOM (sans oublier la Corse, toujours revendicatrice) puis ceux du Canada, de Belgique, de Suisse, d'Afrique et d'ailleurs ! Le tout cimenté par un Marché Commun Francophone qui viendra compléter celui qu'il nous faut impérativement construire autour de la Méditerranée - si l'on veut peser et équilibrer le rapport des forces avec les nouvelles puissances d'Asie, notamment la Chine engagée par son duel avec les USA dans une expansion tous azimuts ! C'est pourquoi il importe plus que jamais d'imposer, par la négociation, une solution au problème israélo-palestinien que l'on peut considérer, à juste titre, comme l'épicentre d'une crise mondiale génératrice d'un conflit à dimension planétaire.


Il apparaît ainsi, cher Dominique de Villepin, que vous êtes sans doute le plus apte en France à promouvoir cette nouvelle politique, tant à l'intérieur - où vous ne semblez pas hostile à ce que l'on peut appeler un régime social-démocrate adapté à notre temps, en mesure d'assurer les intérêts du plus grand nombre - qu'à l'extérieur, où votre discours prononcé à l'ONU contre l'invasion de l'Irak, vous a apporté renommée et prestige, en particulier sur la rive sud de la Méditerranée, notre Mer commune...


A Toulon, Nicolas Sarkozy vient clairement de faire acte de candidature... en proposant tout simplement de remettre le destin de la France dans les mains de l'Allemagne, contrairement au Général de Gaulle et au Chancelier Konrad Adenauer qui surent maintenir l'égalité entre les deux pays dans l'intérêt de l'avenir de l'Europe. Nous n'avons pas le droit de laisser l'actuel Président de la République poursuivre son oeuvre destructrice. Le quinquennat qui s'achève a parfaitement démontré son inaptitude et son impuissance. Inutile de lui en accorder un second !


Puisque vous nous avez annoncé que vous feriez connaître votre décision concernant votre candidature, ou non, à la Présidentielle de Mai 2012, le 15 décembre prochain, je me permets de vous adresser cette "lettre ouverte" afin de vous encourager à répondre favorablement aux attentes de tous ceux et toutes celles qui vous ont fait confiance en rejoignant le mouvement que vous avez créé, République solidaire, dans le but de lancer votre candidature le moment venu. Le discours défaitiste de Toulon nous fait entrer tous en Résistance... pour reconstruire le pays que nous aimons - et sauver la paix.


Je vous prie d'agréer, cher Dominique de Villepin, l'assurance de ma respectueuse sympathie.
Gabriel Enkiri
auteur de "Et si l'Italie était la solution ?" (pour sauver le Liban et mettre fin au conflit israélo-palestinien) - membre de République solidaire.
Lorient, le 1er décembre 2011

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