vendredi, décembre 25, 2015

LETTRE OUVERTE A DOMINIQUE DE VILLEPIN : SAUVONS LA PAIX !

Cher Dominique de Villepin,


A l'occasion des Municipales de 2008, peut-être vous en souvenez-vous !, je vous avais suggéré de candidater à la Mairie de Paris, convaincu qu'une fois dans la place, vous en feriez un tremplin vers l'Élysée, à l'exemple de notre ami Jacques Chirac. Vous m'aviez répondu que vous aviez alors d'autres objectifs. Par la suite, avec un certain nombre d'amis de la Région, dont François Goulard, je me suis retrouvé à "République solidaire" pour soutenir votre candidature annoncée pour la présidentielle suivante... Hélas, il n'en fut rien. Mais j'ai toujours pensé qu'une autre occasion se présenterait !

Ce que je vous propose, cette fois, compte tenu de votre prestige et de vos compétences diplomatiques, c'est de participer activement à la recherche d'une solution négociée au Proche-Orient. Je suis, de par mes origines familiales (paternelles), comme vous le savez peut-être, fort préoccupé par le cours des événements en Syrie-Liban. Mon père, "syrien" venu de Saint-Jean-d'Acre, maronite, a combattu dans l'armée française en 14-18 dans la fameuse armée d'Orient, s'est rendu en mission en Palestine et, à la fin de la guerre, participa naturellement avec Mgr Hayek, le patriarche qui vint à Paris représenter le Liban, aux négociations de l'après-guerre. La deuxième guerre mondiale a, comme on s'en rend compte aujourd'hui, plutôt aggravé la situation dans la région par la création de l'État d'Israël. Or, je suis convaincu qu'une 3e guerre mondiale nous menace, les deux précédentes ayant démarré au même endroit : dans cet Empire ottoman tant convoité par les grandes puissances depuis la fin du 19e siècle ! D'où mon engagement en faveur de la paix laquelle ne sera victorieuse, selon moi, qu'à l'issue d'une Grande Conférence qui pourrait se tenir à Genève, sous l'égide de l'ONU, et où l'on reviendrait aux sources du "mal", c'est-à-dire à ces Traités qui ont charcuté tous ces pays, et ces peuples, sans tenir aucun compte de leurs propres revendications, et contrairement aux promesses faites par Londres qui voulait avant tout les soulever contre la Turquie ottomane.

La disparition de l'URSS et le désengagement des USA de plus en plus préoccupés par l'ascension des grandes puissances de l'Asie ont libéré les ambitions (de pratiquement tout le monde) dans la région hautement stratégique du Proche-Orient. Il sera donc très difficile d'enrayer l'engrenage mortifère qui risque de nous emporter tous dans un effroyable conflit des deux côtés de la Méditerranée ! Or, comme vous ne l'ignorez pas, il s'agit de bâtir autour de notre Mer commune un vaste ensemble économique qui sera en mesure d'imposer une coexistence pacifique entre l'Asie, l'Amérique et les "eurafricains" que nous sommes.

Il se trouve que de grands pays francophones bordent la Méditerranée et qu'une grande partie d'ailleurs des pays de l'O.I.F. sont africains, qu'en outre l'histoire a lié étroitement la région du Proche-Orient à notre pays (au point que mon père se sentait Français avant même d'arriver sur notre sol) ! C'est pourquoi je propose que nous agissions en faveur de la paix au sein de l'O.I.F. que préside actuellement Mme Michaëlle Jean, une Canadienne d'origine haïtienne. Cette idée, je la couve depuis de nombreuses années puisque je l'avais évoquée avec M. Boutros Boutros Ghali, l'ancien secrétaire général de l'ONU, qui fut le premier président de l'O.I.F. ! Les temps ont mûri, et l'urgence s'impose. Ce que je vous demande, par conséquent, c'est de participer à la mise en place à Lorient d'un "Centre francophone de recherche pour la paix" qui agirait avec tous ceux qui, à l'intérieur du monde francophone, sont soucieux de l'avenir des jeunes générations livrées aux fanatiques de tous bords qu'il est grand temps de mettre hors d'état de nuire. L'ancien Ambassadeur de France, M. Albert Salon, ardent défenseur de la francophonie, nous a déclaré qu'il serait prêt à soutenir l'initiative... en ajoutant :"Vous pouvez saisir Mme Jean et M. de Villepin, ce sont de bonnes idées". Il me suggère de m'adresser également à Jean-Yves Le Drian, président de la Région Bretagne...

Le pays de Lorient comporte 25 communes fort variées sur le plan politique, et c'est effectivement le lieu d'élection du Ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian, qui aimerait bien, nul n'en doute, ne pas être seulement  mobilisé pour faire la guerre ! L'ancien Maire de Lorient et actuel Président de la Région Bretagne ne resterait certainement pas indifférent devant une initiative à vocation pacifique qui prendrait son essor dans la rade de Lorient, entre les rives du Scorff et celles du Blavet !

Pourquoi à Lorient ? me direz-vous. Par fidélité sans doute à mon père, que je n'ai pas connu, étant décédé en 1935, des suites de ses blessures de guerre  mal soignées, et d'après ma mère, Suzanne Jamet, une Hennebontaise, née à Guiscriff, en plein coeur de la Bretagne, qu'il avait épousée à son retour du Liban, en 1920, il est mort en exprimant ses craintes pour son pays natal et la famille restée sur l'autre rive. Plus tard, bien plus tard, le Patriarche maronite, Paul-Pierre Méouchi, nous accueillant à Bkerké au Liban, m'apprit que nous étions parents ! " Comme je suis heureux d'accueillir des parents bretons, nous lança-t-il avec un large sourire, et comme je m'étonnais, il me raconta qu'il le tenait de sa grand-mère qui savait tout de la famille "et qui ne racontait pas d'histoires" ! "Les Enkiri me dit-il, sont des Méouchi qui ont quitté la montagne, le djebel méouch, il y a très longtemps, pour aller s'installer en Terre Sainte, à An Nakoura, avant de rejoindre Saint-Jean-d'Acre. Pour les distinguer de ceux restés "là-haut" on les appelait les Nakouri (ceux de An Nakoura) et les Pères qui tenaient le registre de l'état civil ont fini par remplacer le ch par le k pour faire Enkiri". Je réalisai alors combien mon père avait dû être heureux de retrouver ses vieux parents dans son pays natal qu'il sillonnait en tous sens ; chargé d'une mission en vue de l'affranchir définitivement du "joug ottoman" tout en lui évitant un autre asservissement, qui avait pour nom sionisme que les Anglais victorieux, après les Allemands vaincus, actionnaient pour s'emparer de la Grande Syrie, de Saint-Jean d'Acre à Bassorah ! Et si l'ONU - pourquoi n'en transférerait-on pas le Siège au Liban une fois la paix signée par tous les protagonistes de cette guerre interminable ? - a installé le QG des casques bleus... à Nakoura, n'est-ce pas pour nous y inciter à partir de notre Bretagne que les Phéniciens découvrirent sur "la route de l'étain" ? Sans oublier les propos de Winston Churchill que nous rappelle un Breton de Quiberon, Camille Busson, dans son "Essai impertinent sur l'Histoire de la Bretagne Méridionale" (aux éditions de l'Harmattan) : Plus vous saurez regarder loin dans le passé, plus vous verrez loin dans le futur.

Dans l'attente de votre réponse, je vous prie d'agréer, cher Dominique de Villepin, l'expression de mes sentiments les plus respectueux, et je profite de l'occasion pour vous adresser mes meilleurs voeux pour l'année 2016, en y incluant mes voeux de bonheur pour notre pays et ceux d'une Région qui attendent avec impatience l'avènement d'une coexistence pacifique que le monde entier accueillera avec joie.

Gabriel Enkiri
écrivain, auteur de "Pour de Nouveaux Etats-Unis francophones" et "Si l'Italie était la solution ?"


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