dimanche, décembre 04, 2011

HENNEBONT, UNE SURVIVANCE "COMMUNISTE" EN BRETAGNE ! (7)

Ainsi comprendrez-vous pourquoi, à peine débarqué Gare du Nord, je fonçai Carrefour Chateaudun adhérer au Parti. Je sonnai à la porte blindée du Comité Central, et derrière une vitre j'aperçus le visage d'un homme qui m'examinait - Qu'est-ce que tu veux ? me dit-il sans plus. - Je viens adhérer... Une fois entré, j'aperçus des bulletins d'adhésion sur une petite table, et sur le mur un portrait de Staline barré d'un crêpe noir. Tandis que je remplissais le bulletin d'adhésion, et que mon vis-à-vis me disait - Tu en as de la chance, tu vas appartenir à la Promotion Staline !, un autre homme s'approcha que je reconnus immédiatement, car j'avais vu sa photo dans l'Huma : c'était Auguste Lecoeur, le nouveau Secrétaire à l'Organisation, récemment désigné à ce poste, que l'on présentait comme le dauphin de Maurice Thorez ! Me prenant à part, il me demanda ce que je comptais faire - Je m'en vais à Hennebont. Il m'interrompit - oui, mais tu as un projet ? Un emploi ? - Non, je ne sais pas ce que je vais faire... - J'en ai un pour toi, me fit-il en me prenant par le bras. Reste 15 jours à Hennebont, et reviens ! Je vais te faire entrer dans une grande usine de la métallurgie... - Chez Renault ? lui dis-je, intéressé, pensant tout de suite à la forteresse ouvrière - Non, chez Renault, le parti est fort, il y a suffisamment de militants... Non, c'est à la SNECMA que je vais te faire entrer... Et il m'expliqua :" C'est une grande usine qui fabrique des moteurs d'avion pour Dassault, qui se trouve dans le 13e arrdt, sur le boulevard Kellermann. Elle a été lockoutée sur ordre du gouvernement, à la suite d'une grève très dure. Jules Moch, le Ministre de l'Intérieur a même envoyé des chars sur le boulevard Kellermann ! Le parti et le syndicat ont été décapités. Ils ont réembauché le personnel, un par un, en triant sur le volet. Mais parmi les ouvriers professionnels et les cadres, il y a quand même des camarades du parti. Maintenant, il faut tout reconstruire - Mais je ne connais pas ce métier, lui dis-je - Ne t'inquiète pas, tu vas suivre une formation professionnelle accélérée de six mois, de fraiseur ou de tourneur, et tu te présenteras à l'embauche... Je lui racontai l'incident survenu à l'armée... - Ne t'inquiète pas, nous avons des sympathisants bien placés. Tu te tiendras à carreau pendant un an, et tu seras élu délégué du personnel... Naturellement, tu n'en parles à personne. Je dis bien à personne !
Voilà pourquoi quelques jours plus tard, à Hennebont, je vis débarquer chez nous, à la Maison Rouge, les camarades du parti, Eugène Crépeau en tête, venus me féliciter pour mon adhésion ! Ils étaient à la fois surpris et heureux - On ne s'y attendait pas, me dit Eugène, quand on se souvient... Et de me demander ce que je comptais faire  ! Je leur répondis que je retournais à Paris dans une quinzaine de jours pour y travailler. - Dommage, fit-il, lui qui  pensait pouvoir emporter la Mairie d'Hennebont cette année-là, une Mairie tenue depuis la Libération par un adversaire coriace, le Docteur Thomas. La fois suivante, en 1959, ce fut chose faite ! (à suivre)

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