dimanche, décembre 04, 2011

HENNEBONT, UNE SURVIVANCE "COMMUNISTE" EN BRETAGNE ! (6)

L'après-midi même, la police militaire vint me harponner pour me conduire cher le commandant. Il était furieux :" Qu'est-ce qui vous arrive ? Staline est un assassin. Il fait tuer nos soldats en Indochine. Et vous voulez qu'on mette le drapeau en berne pour ses funérailles !  La vive discussion qui s'en suivit ne s'acheva que par... ma descente en cellule ! Et chaque jour,le commandant me faisait chercher pour reprendre la discussion. Il voulait me convaincre que j'avais tort, et surtout, il se rendait compte que j'étais sincère... et  naïf ! Et il s'inquiétait pour moi. Il avait adressé un rapport à la Sécurité militaire pour dire qu'il "avait démantelé un réseau communiste à Neustadt". N'avaient-ils pas découvert dans la chambrée, sous le matelas et dans mon placard le journal L'Humanité ( que j'achetais dans une librairie de la ville) interdit dans les casernes, et surtout, des "brochures de propagande" que j'avais commandées, dont le Manifeste de Karl Marx, et la dernière oeuvre "géniale" du camarade Staline, "les problèmes du socialisme en URSS" ? Mais la Sécurité militaire, après enquête, venait de l'informer que j'étais gaulliste, et le pauvre commandant n'y comprenait plus rien ! Il fallut tout lui expliquer, comment j'étais passé du gaullisme au communisme ! - C'est très grave, me dit-il, si vous allez devant le Tribunal militaire, vous allez être condamné... à de la prison. Vous comprenez ?
Quelques jours plus tard, à notre dernière rencontre, il me révéla, d'un air mystérieux, et en baissant la voix : - Pour en avoir le coeur net, j'ai téléphoné à qui vous savez... Et comme je semblais ne pas comprendre, il précisa :" - Mais si, à Colombey...
Je me mordis les lèvres pour ne pas éclater de rire. En tout cas, j'ai quitté Neustadt immédiatement, accompagné par des soldats jusqu'à la gare : j''étais muté à Trèves jusqu'à ma libération, et je perdais mon grade de caporal-chef ! L'un de mes accompagnateurs  m'apprit que dans la caserne, on commençait à s'agiter ! Sans doute à l'initiative de mon copain communiste...  (à suivre)

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