dimanche, janvier 20, 2013

ENFIN UNE SOLUTION POUR SORTIR DE LA CRISE (48)


Balfour n'ignorait pas qu'aux États-Unis, le juge Brandeis n'était pas seul. Des juifs très influents, tel le puissant banquier Schiff, étaient opposés au sionisme. Certes, la chute du tsarisme avait changé la donne, mais beaucoup considéraient la Nation allemande comme une Nation dominante en Europe, en pleine ascension (ce qu'elle était) et que la Russie, débarrassée du tsarisme,  deviendrait nécessairement son partenaire principal, les deux pays, avec leur formidable potentiel économique, où les communautés juives étaient nombreuses et particulièrement actives, tant en Allemagne qu'en Russie, constituerait un formidable allié pour les États-Unis d'Amérique... et les juifs américains, eux-mêmes pour la plupart originaires de ces deux grandes Nations !
Lors de son voyage aux États-Unis, Balfour avait réalisé la difficulté de provoquer le divorce entre les juifs et cet avenir qui leur convenait tant ! Échaudé par le premier refus de Wilson, il décida cette fois de s'impliquer personnellement, et de mettre le paquet comme on dit, ayant convaincu Lloyd George de l'imminence d'une initiative allemande en faveur du sionisme. Il télégraphia lui-même (non pas au Docteur House !) mais au colonel House, le conseiller du Président Wilson en lui demandant de soumettre la nouvelle Déclaration au Président. "Il agit en même temps auprès de l'ambassadeur américain à Londres qui, le même jour, adressa un message télégraphique à Wilson, en l'informant des dangereuses tentatives faites par les Allemands pour gagner les sympathies du mouvement sioniste. Ce dernier argument fut retenu par le Président, et par House, qui joua un rôle déterminant dans cette affaire; peut-être aussi le colonel fut-il sensible au plaidoyer du juge Brandeis. House, nous dit Leonard Stein (auteur également d'un ouvrage sur "la Déclaration Balfour"), n'éprouvait pas une sympathie immodérée pour les Juifs, mais il faisait une exception pour Brandeis qu'il tenait en grande estime. Quoi qu'il en soit, le colonel, revenant sur son opinion précédente, conseilla fortement au Président d'approuver l'initiative anglaise. (Il se montra là à l'égal de son frère jumeau, le Dr. House !). Ses avis furent entendus, puisque sir William Wiseman, chef des services de renseignements britanniques aux États-Unis, télégraphia le 16 octobre au Foreign Office :
"Le colonel House a présenté le projet au Président, qui l'a approuvé. Mais il demande qu'il ne soit pas fait mention de  cette approbation lorsque le Gouvernement de sa Majesté publiera la déclaration".
Forts de l'approbation américaine, Lloyd George et Balfour avaient pris une décision défititive. Ils ne tinrent aucun compte des objections de Lord Curzon ou de Claude Montefiore; ils acceptèrent par contre les modifications de texte demandées par le rabbin Hertz, Weizmann, Sokolov et Lord Rothschild. Ils affirmèrent leur volonté à la séance du Cabinet de guerre du 31 octobre, et ne rencontrèrent plus d'opposition. 
Le 2 novembre, Balfour, au nom du gouvernement britannique, adressa la "Déclaration" à Lord Walter Rothschild. (in "La déclaration Balfour" de J.P. Alem - éditions Complexe).
"Engagement sans précédent dans l'histoire coloniale, cette étrange construction juridique est le type même du "nègre-blanc", et l'expression "foyer national", dénuée de définition, constitue une innovation dans le langage diplomatique et politique. 
"Balfour entend tirer parti de  cette "nouvelle donne" par l'envoi de Sokolov en Russie, et d'Aaronsohn aux États-Unis, les responsables sionistes se tenant prêts désormais à lancer une active propagande en faveur des Alliés dans le monde entier" (in "Le siècle d'Israël" de J.Derogy et Hesi Carmel - éditions Fayard). 
Dans le même temps, à Pétrograd, Trotski, président du soviet de la ville depuis le 6 octobre, mettait sur pied un comité révolutionnaire insurrectionnel. La "Révolution d'Octobre" commençait.

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