"Divisé en trois Royaumes, le pays était plongé dans une horrible misère; la moitié de la population avait péri dans les guerres intestines. Au Nord, les Chinois devaient laisser le pouvoir à des dynasties d'origine barbare, tandis qu'au Sud ils devaient s'imposer à de très importantes ethnies non chinoises, en voie de sinisation depuis les Han... Balayée au cours du IVe s. par des hordes turco-mongoles (Hiong-nou, Sien-pei), la Chine du Nord passa tout entière, au début du Ve s., sous la domination d'un peuple sans doute turcophone (les T'opa) qui avaient fondé la dynastie Wei (386/534). Rapidement sinisés, les rois Wei se convertirent au bouddhisme; au Sud la dynastie Tsin fut renversée en 420 par un soldat de fortune, Lieou Yu...
Cette époque, au Nord comme au Sud, fut marquée par une puissante expansion du bouddhisme et un recul du confucianisme.La Chine, qui, jusqu'alors, avait reçu le bouddhisme de missionnaires étrangers, vit ses propres moines bouddhistes entreprendre des pèlerinages vers les Indes... Après la rupture qui avait suivi la chute des Han et l'abandon de la route de la Soie, les relations étaient rétablies entre la Chine et les contrées occidentales... La dynastie Soueï (581/618) qui avait succédé, dans le Nord, aux héritiers des T'opa, parvint à soumettre le Sud et repoussa les Turcs sur les frontières du Nord-Ouest... Mais lassé par une fiscalité excessive, son dernier roi fut emporté par une révolte qui marqua le terme de sa dynastie (618).
Les Soueï avaient eu le mérite de mettre fin à des siècles de morcellement et de préparer le puissant redressement qui allait s'épanouir sous les T'ang (618/907), l'une des plus grandes dynasties de l'histoire chinoise... Les T'ang rétablirent l'hégémonie chinoise sur l'Asie centrale, imposèrent leur suzeraineté jusqu'au Turkestan, rattachèrent à l'Empire tout l'ancien khanat des Turcs orientaux (c'est-à-dire l'actuelle Mongolie) et exercèrent un ascendant puissant sur tous leurs voisins, Annamites, Coréens, Japonais. Le gouvernement et l'administration furent énergiquement restaurés. Le confucianisme retrouva son rang de doctrine d'État, mais le bouddhisme continua de prospérer (jusqu'à l'édit de proscription de 845) et de nouvelles religions (nestorianisme, manichéisme, islam) pénétrèrent en Chine, où elles trouvèrent une grande tolérance mais firent peu d'adeptes. L'époque des T'ang fut encore marquée par des progrès scientifiques (notamment en astronomie), par l'apparition de l'imprimerie (première édition des Classiques confucéens,932/953), par une admirable floraison des lettres et des arts".
La révolte d'un général d'origine turque provoqua de profondes transformations dans la société chinoise ainsi que dans les rapports de force entre les Chinois et leurs voisins (les Tibétains s'émancipèrent, la Corée fit sécession)... La dynastie faillit sombrer dans la guerre civile qui suivit et ne dut son salut qu'à l'intervention des Ouïgours, qui, descendus de Mongolie, chassèrent les rebelles de Loyang. Mais l'Empire avait subi un ébranlement dont il ne se releva pas. La guerre, les pillages, les destructions de culture firent tomber le chiffre de la population de 52 millions d'habitants en 754 à 30 millions en 839, crise démographique qui s'accompagna d'une crise économique et sociale sans précédent. Privés de l'appui des Ouïgours, dont l'Empire fut détruit en 840 par les Kirghizes, les derniers souverains T'ang résistèrent de plus en plus faiblement aux révoltes populaires. Un audacieux chef de brigands, en juin 907, déposa le dernier souverain T'ang, un enfant de treize ans, et le fit exécuter peu après." suivra
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