L'anecdote a peut-être le mérite de révéler en quelques mots l'une des causes, sinon la cause du ratage historique commis à l'orée du XXe siècle , que nous n'avons toujours pas su corriger, si l'on en juge par les péripéties de notre diplomatie et de nos engagements militaires, tant en Libye qu'au Mali !
Et pourtant ! La franc-maçonnerie est bourrée de "bonnes intentions", mais elle a fini par être annexée par l'Angleterre qui l'utilise pour défendre ses intérêts exclusifs... En sont-ils conscients à Paris ? Pourquoi l'aveuglement de nos dirigeants qui se laissent mener par le bout du nez au point de mettre notre pays au service de l'impérialisme britannique ? Parce que, comme l'a constaté mon père "Ils ne font que bouffer du curé là-dedans" ! Dans leur combat contre l'Église catholique et le Vatican, il leur faut des alliés, et le principal d'entre eux est à Londres ! Leur "république", difficilement imposée dans les années 70-80, toujours menacée d'une restauration monarchique ou bonapartiste, est complètement isolée en Europe : tous les autres pays, sur le continent, ont des régimes monarchiques ! Berlin, Rome, Madrid sont anti-républicains. Ils ont fait alliance avec le tsar de toutes les Russies, eux les Républicains, dès 1892, accueilli l'année suivante la flotte russe à Toulon, enfin le tsar lui-même Nicolas II à Paris, en 1896, par hostilité à l'Allemagne bien sûr (Alsace-Lorraine oblige).
L'année 1898 fut une année décisive. Non seulement Guillaume II affirmait le "rêve allemand" (weltpolitik) jusqu'en Palestine, mais à Fachoda au Soudan, le capitaine Marchand avait devancé Kitchener, à la tête de 20.000 anglo-égyptiens, et Londres exigeait le rappel de Marchand par Paris. Une explosion de haine souleva l'opinion en France contre l'Angleterre, et nous fûmes à deux doigts d'entrer en guerre contre la "perfide" Albion, d'autant qu'au Transvaal les Anglais étaient en butte à la révolte des Boers ! Ce qui avait entraîné une alliance de fait entre la France et l'Allemagne, et le ministre français des Affaires étrangères, Gabriel Hanoteaux, non seulement apportait son soutien au capitaine Marchand, mais prônait un rapprochement diplomatique avec l'Allemagne !
Imaginez la hantise du gouvernement de Londres ! Et la "mise en action" d'une franc-maçonnerie entièrement mobilisée contre cette perspective désastreuse pour l'Angleterre. Hanoteaux fut éliminé et remplacé par un politicien "radical" (suivez mon regard) de l'Ariège, Théophile Delcassé, et celui-ci, malgré l'hostilité de l'opinion, donna entière satisfaction à Londres ! En échange, les Français allaient obtenir, en 1904, non seulement le Maroc que convoitait également Guillaume II, laissant l'Égypte et son canal aux Anglais, mais, dans le domaine intérieur, nos gouvernants pouvaient voter, en 1905, la loi séparant l'Église (catholique) de l'État, ce qui n'était pas pour déplaire au gouvernement (protestant) de Londres confronté durant tout le siècle à la révolte (catholique) des Irlandais ! L'Entente "cordiale" était dirigée non seulement contre l'Allemagne, mais contre le catholicisme partout dans le monde : tout comme au Canada où les catholiques se voyaient priver de tout soutien français. En 1904, nos "chers frères", par haine de l'Église ("ils ne font que bouffer du curé là-dedans") ont bien mis la France au service de l'Angleterre, "à l'insu de leur plein gré", si j'ose dire. suivra
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