samedi, juillet 19, 2008

JEAN-PIERRE THIOLLET, JEAN-EDERN HALLIER... ET NOUS (2 fin)

Jean-Pierre Thiollet a le grand privilège, à mes yeux, d'être un auteur à la fois inspiré et fasciné par les Phéniciens, ces grands navigateurs qui ont "découvert le monde" (et qui sont venus jusque chez nous en Bretagne) comme nous le révèle Camille Busson dans son livre paru chez l'Harmattan... et d'être un admirateur de Jean-Edern qu'il installe au plus haut niveau dans son livre "Carré d'Art" en compagnie de trois autres Grands. J'avoue que j'en suis un peu surpris, mais Thiollet m'a convaincu. Entre ces quatre là effectivement, il y a une fraternité qui les réunit dans la démesure-miroir d'une époque convulsive... Je suis heureux d'avoir transmis à Jean-Pierre Thiollet la (courte) préface dithyrambique que Jean-Edern avait rédigée à l'un de mes ouvrages non-publiés, et qui figure désormais dans ce livre comme "postface" puisque je l'avais ajoutée à mon auto-fiction "Kidnapping entre l'Élysée et Saint-Caradec" (titre emprunté au fameux fichier Kidnapping des Grandes Oreilles présidentielles, du temps de M. Ménage, où je figurais parmi un nombre incalculable d'écoutés) que j'ai publiée moi-même en 1999 aux Éditions Phare/Ouest. Me voici donc assuré, comme le dit Thiollet, "d'une gloire posthume" !
Oui, j'avoue que j'aimais Jean-Edern, même si je l'ai peu connu. Il y avait entre lui et moi un lien particulier. Je n'appartenais pas à sa coterie, ni aux pique-assiette qui l'entouraient à la Closerie des lilas, où je lui ai rendu visite comme tout le monde. Non, cet attachement, épisodique, provenait d'un attachement commun à la Bretagne, d'où nous venions tous les deux. Comme on peut le lire dans la Préface qu'il m'accorda, il avait pour moi une sorte d'admiration, naturellement excessive. Son fidèle compagnon, Omar Foitih, peut en témoigner. J'étais un militant "qu'on ne pouvait pas acheter", une sorte de "pur". C'est à l'occasion de son combat contre le Prix Goncourt que j'ai pu mesurer combien il m'attribuait une "aura" disproportionnée. Nos grèves, chez Hachette (couronnées de succès), mon petit livre sur "la pieuvre verte", le procès qui avait suivi et que j'avais gagné, lui avaient fait croire que je pouvais "convaincre" le puissant (à l'époque) syndicat du Livre CGT de participer avec les ouvriers du Parisien (occupé) à une manifestation devant le restaurant Drouant le jour de la remise du prix Goncourt ! J'en avais parlé à un responsable des NMPP qui a transmis l'offre de Jean-Edern, toujours en mal de "coups" médiatiques. Le plus fort, c'est lorsqu'il me proposa de l'accompagner en pleine nuit à l'Elysée, déguisés en moines encapuchonnés pour faire un autodafé de nos deux manuscrits refusés par les éditeurs ! Là, j'ai refusé :"Non, ça n'est possible, Jean-Edern" - Tu as tort, s'est-il contenté de me répondre, sans insister. Est-ce pour cette raison qu'il avait écrit en conclusion de sa préface :"Mitterrand a beau être Président de la République, ce n'est pas lui qui a la légitimité, mais Gabriel Enkiri. Dans le désert de la pensée politique française, il fallait que sa voix s'élève et puisse enfin être entendue. Ce livre sauve l'honneur de la gauche".
Cela me fait bien rire aujourd'hui. Mais je regrette l'absence de Jean-Edern. Je ne sais pas comment il réagirait face à l'ostrogoth de l'Élysée. Il était déconcertant, parfois. Pourtant, j'imagine qu'il aurait la fibre bretonne, et qu'il éprouverait, comme nous tous, la même exécration de ce m'as-tu-vu qui s'est emparé de l'Élysée en magouillant dans les Hauts-de-Seine, ces écuries d'Augias... que Patrick Devedjian rêve de nettoyer, si les Balkany ne l'étranglent pas dans une ruelle de Courbevoie !


3 commentaires:

Marie. a dit…

J'ai lu votre truc en diagonale, rien que le ton me "gave", faites donc un succès et ça vous calmera..! Mais il y a une chose que je tiens à rectifier, accompagner J-Edern à la Closerie ou ailleurs ne signifiait pas systématiquement être un "pique-assiette", élargissez un peu votre imagination, c'est une remarque à la con, je n'étais pas une "pique assiette", c'était même presque le contraire. Voilà. Marie.

Marie. a dit…

Je n'ai pas lu vos pages, rien que le ton me "gave", faites donc un succès et ça vous calmera!!
Mais s'il y a une chose infiniment chiante à lire et à entendre pour moi, c'est bien la qualification de "piques-assiettes" de la Closerie et autres lieux autour de J.Edern.Ce dernier ne s'entourait pas que de "Pique-assiette", ce n'est pas un rôle systématique pour qui l'accompagnait, c'était loin d'être mon cas !! C'était même presque le contraire !!

Gabriel Enkiri a dit…

je n'ai jamais dit que tous ceux qui entouraient Jean-Edern étaient des pique-assiette ! Il était généreux et invitait facilement. Il y avait entre lui et moi des relations exceptionnelles. Je suis très heureux de l'avoir connu, et apprécié, comme vous sans doute.
bien amicalement, ge

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