mercredi, avril 02, 2008

LE DÉLIRE ASHKÉNAZE/SÉPHARADE EN MAI 68 (4)

Pourquoi, en 1955, un ancien militant du PC, à bout d'arguments, et bouillonnant de colère, me traite-t-il de "sale juif" ? Là encore, je n'ai pas compris. Certes, je défendais bêtement, comme on le faisait à l'époque, "la politique du Parti" - mais le débarquement à Belgrade de la troïka soviétique déclarant à Tito :" On s'est trompé, camarade, tu n'étais pas un "fasciste", mais un excellent communiste !" avait de quoi en rendre furieux plus d'un ! Et je suis resté sans voix dans l'atelier, face aux gars qui se marraient doucement, au pied de leur machine. "Le jeunot en a pris plein la gueule, et s'il est juif, ça lui apprendra à nous faire la leçon, à nous répéter que le parti a toujours raison, le parti ne se trompe jamais ! C'est que les anciens, ils en avaient de drôles à raconter... Est-ce aussi le fait qu'un Juif, Pierre Mendès France, trônait à Matignon ? Que dans la cellule de mon quartier, dans le 17e arrdt, nombreux étaient ceux qui le trouvaient "intéressant" ? Le secrétaire de section, un brave type, m'apprit alors que ces camarades (des pinailleurs!) étaient juifs, et que le Parti avait déjà eu des problèmes avec eux, quelques années plus tôt (lors du passage à l'Ouest d'Israël). Peut-être lui aussi trouvait-il, qu'avec un nom pareil, j'en étais un ? Je lui récitai alors ma leçon pour le rassurer :" Mendès France est le représentant du néo-capitalisme, et le journal Le Monde est son porte-parole". (Ce qui d'ailleurs était exact). Je me rends compte, cinquante ans plus tard, avec le risque d'un brouillage de mémoire, que, néanmoins, ce monde juif est souterrain, occulté, marrane pourrait-on dire jusqu'à l'avènement de la Ve République, jusqu'au retour au pouvoir du Général de Gaulle (à suivre)

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