vendredi, mars 21, 2008

MAI 68 L'ANALYSE DE GABRIEL ENKIRI (1)

40 ans déjà ! C'était hier... J'ai vécu intensément, comme beaucoup d'autres, ce mouvement "étrange". Assurément étrange aujourd'hui. Et pourtant ! Sur le moment, dans l'action, il ne nous est pas paru "étrange". Pourquoi alors, le temps passant, nous semble-t-il "mystérieux", voire incompréhensible ? Probablement, parce que les "leaders" du mouvement, et les mots d'ordre ou les slogans absolument "extrêmes" ont complètement disparu, les premiers (je parle des leaders) sont devenus des PDG, des banquiers, des chefs du MEDEF ou des patrons de chaînes de télévision ! Les seconds, je parle des slogans, "sous les pavés la plage", "il est interdit d'interdire", "de Gaulle au musée" etc. nous paraissent, quarante ans plus tard, dérisoires, incongrus, surtout concernant de Gaulle, qui est devenu un monument, encensé et glorifié par ceux-là mêmes qui le combattaient avec rage. On disait autrefois qu'on était "révolutionnaire" à 20 ans, "réformiste" à trente, et conservateur à 40 ! Ici, on est passé directement, ou presque, de la dénonciation de la "société de consommation forcément aliénante" (on allait élever les moutons dans le Larzac ! ou en pèlerinage à Katmandou !) à la société d'hyper-consommation, d'images, de sons et de biens matériels, chaque jour plus aliénante que la veille ! Qu'est-il donc arrivé à ceux qui criaient "Vive la Révolution !", nous traitant, avec mépris, pour ne pas dire avec haine (car s'ils avaient pu, je crois qu'ils nous auraient fusillés, ou, à tout le moins, déportés dans des camps de rééducation - comme en Chine, les dirigeants soviétiques n'étant plus que d'affreux réformistes ou révisionnistes !) de "petits-bourgeois" réformistes, incapables de "comprendre" la Révolution, ricanant sans vergogne devant le "petit livre rouge" de Mao, le nouveau "livre saint" qu'il fallait brandir en criant "ce n'est qu'un début, continuons le combat !" ? Oui, vraiment, c'est stupéfiant. Et je comprends que l'on tente d'occulter ce qui devient chaque jour plus visible, et donc plus compréhensible, car tout s'explique, le temps agissant toujours comme un révélateur, dissipant les brouillards savamment entretenus. "Hé oui, figurez-vous, c'était le printemps, les étudiants et les lycéens étaient excités à l'approche des examens, et ils défilaient dans le Quartier Latin pour se soulager en criant, pensant déjà aux vacances d'été, "sous les pavés la plage !" (à suivre)

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