lundi, août 01, 2011

GAVRINIS ET SON MYSTÈRE

Ouest-France publie un article passionnant d'Isabelle Johancik sur l'île de Gavrinis la néolithique (26/7/2011). Elle nous rapporte les propos tenus par Yves Bélenfant, directeur de ce site protégé. "Quelque chose d'énorme s'est passé ici, à l'entrée du Golfe. Ce petit espace a concentré les deux tiers des richesses d'un territoire plus grand que la France. On en a des traces, des objets. Mais quoi ?". Quelque chose qui pourrait être un lien avec les alignements de Carnac, de Locmariaquer... "C'est tout un ensemble qu'il faudrait étudier". Comment ne pas évoquer ici l'extraordinaire petit livre de Camille Busson, que tout un chacun devrait lire en Bretagne, paru récemment aux éditions de l'Harmattan, intitulé "Essai impertinent sur l'histoire de la Bretagne méridionale" portant en sous-titre : "les Hommes de Teviec dans l'ombre des Phéniciens". Camille Busson est un Breton de Quiberon, qui a fait la connaissance à Carthage du père Féron, un autre Breton, originaire, lui, de Cancale, devenu le conservateur du Musée de Carthage, qui lui doit beaucoup. C'est ce père Blanc (le siège des Pères Blancs était autrefois à Kerlois, à côté de Kerlégan, entre Hennebont et Caudan) qui a convaincu Camille Busson de faire des recherches en Bretagne sur les Phéniciens ("Ils sont venus jusque chez moi, à Cancale "!), ces marins marchands qui, après avoir franchi les Colonnes d'Hercule (Gibraltar) ont descendu le long des côtes de l'Afrique, ou remonté le long de l'Atlantique vers le nord, à la recherche de l'étain dans ces îles "britanniques" dont le nom serait bien d'origine phénicienne ! L'étude toponymique a permis à Camille Busson d'avancer dans sa découverte, qui est loin d'être terminée. Et en cela il rejoint Yves Bélenfant qui parle bien "d"un vaste ensemble à étudier", en relation avec les Alignements de Carnac et de Locmariaquer ! Que lit-on dans l'encyclopédie wikipedia sur le net ? "Gadès - Gadir en punique phénicien, nom de la ville actuelle de Cadix : la Cité fut fondée vers 1100 avant JC par les Phéniciens, au sud de l'Ibérie, à l'entrée du détroit de Gibraltar, sur le golfe antique de Gadès. Ses habitants, les Gaditains, étaient des commerçants et des marins réputés. Les Carthaginois s'emparèrent de la ville en 501 avant JC... Après de nombreuses batailles entre les Romains et les Carthaginois dans la péninsule ibérique, seul Gadir avec l'aide de Magon Berca résista un certain temps, mais assiégé par Scipion l'Africain, elle se rend sans conditions à la République romaine en 206 avant JC, tout en maintenant sa forte activité commerciale". (Il y aurait, nous dit-on, des Magon en Côte d'Armor !). Et nous avons, Gâvres (Gadès, Gadir), en face de Groix et de Belle-Île où sont passés les Phéniciens, et dans le Golfe du Morbihan... Gavrinis bien sûr, avec Arradon, Arzon, Arz (le Cèdre en langue punique) sans oublier Séné (le Sénégal !) et les fameux sinagots, qui nous rappellent les bateaux phéniciens ! Et, preuve à l'appui, à l'entrée du Golfe du Morbihan, nous a révélé Jean-Baptiste Goulard, lors d'un entretien avec Naji Farah, le dynamique président de l'Association RJLiban, originaire de Tyr, les marins connaissent la "pointe des Phéniciens" !
A Gavrinis, "un couloir de quatorze mètres de long aux parois composées de vingt-neuf blocs géants gravés de signaux aussi magnifiques qu'énigmatiques", écrit le journal. "Ce sont des traces émouvantes. On sent la main de l'homme". Le producteur de cinéma, Pierre-Ange Le Pogam, est désormais le propriétaire de la partie privée de l'île, le
cairn, unique au monde, selon le journal, restant la propriété du Conseil Général. Un cairn, "dont on sait peu de choses en définitive" reconnaît Yves Bélenfant. "Qu'y a-t-il donc sous les dalles de l'allée ? sous le tertre, derrière les blocs de granit de l'allée ? On ne sait pas. On ne sait pas non plus si d'autres trésors dorment sur l'île." Voilà de quoi exciter les esprits, et d'abord celui de l'heureux propriétaire de l'île ! Mais le Conseil Général du Morbihan ne pourrait-il pas également accorder encore plus d'intérêt à ce mystérieux cairn ? "Le classement de Gavrinis au patrimoine mondial de l'UNESCO est un serpent de mer. Dont on ne parle plus trop", écrit Isabelle Johancik. Eh bien, pourquoi le Golfe du Morbihan, qui vient d'accueillir dans l'Association "Les plus Belles Baies du Monde" (dont le secrétaire général est un vannetais, Bruno Bodard, qui est également le directeur de l'Office du Tourisme de Vannes - Vannes, capitale des Vénètes = Phénètes !) la baie de Jounié, au nord de Beyrouth, ne répondrait-il pas à l'appel que vient de lancer Mme Maha el-Khalil al-Chalabi, présidente du Comité international pour la protection de Tyr, la ville-phare de l'expansion phénicienne au-delà des mers, dispensatrice de l'alphabet, menacée d'être rayée de la liste du patrimoine mondial et privée de la campagne internationale pour la protection de Tyr, en raison des constructions anarchiques qui se multiplient dans le fameux port de l'antique Phénicie ? La coopération culturelle et touristique, n'est-ce pas la meilleure façon de promouvoir la coexistence pacifique entre les peuples, d'autant que s'accroissent les risques d'un conflit de grande envergure autour de la Méditerranée ?

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