jeudi, avril 30, 2009

ATTALI ET FOFANA : LES JUIFS,LE MONDE ET L'ARGENT (7)

Les Anglais, tellement méfiants et hostiles aux étrangers, ont donc expulsé les Juifs, il est vrai peu nombreux en ce temps-là dans l'île, en 1290. Ces Juifs viennent forcément du continent, ils sont donc "suspects", l'Angleterre est en guerre à ce moment-là contre tout le monde ! "En 1272, les synagogues de Londres sont fermées, la pratique du judaïsme est prohibée en Angleterre. Un statum judaicum leur interdit le prêt à intérêt. Comme le souverain français, le roi d'Angleterre les autorise à devenir artisans, mais sans leur ouvrir les guildes - ce qui, comme en France, les empêche de faire autre chose, pour survivre, que de prêter... En 1287, retour d'Orient, Édouard Ier, furieux de voir que sa décision d'expulsion n'a pas été appliquée, s'approprie les ultimes maisons des Juifs, les taxe sur leurs biens meubles et leur interdit de céder leurs gages. Beaucoup se préparent à partir et liquident leurs biens; accusés alors de vouloir masquer ce qu'ils possèdent, ils aiguisent d'autant plus les jalousies. L'expulsion massive est proche".
"Elle commence en 1288 par celle des Juifs de Naples, presque tous d'origine allemande. Beaucoup acceptent de se convertir pour rester. Deux ans plus tard, en 1290, Édouard 1er décide d'expulser les quinze mille Juifs qui vivent encore en Angleterre. Quelques uns restent, en cachant leur nom et leur identité; les autres émigrent vers l'Allemagne, la Bohême, la Hongrie, la Pologne et même la France - à Rouen et Bordeaux notamment - où la situation n'est pas meilleure (p.222).
Mais les Juifs vont revenir. L'Angleterre va connaître sa révolution industrielle laquelle appelle... une révolution financière ! Re-citons Attali, car nous sommes en pleine actualité, comme on va le voir :" De fait, dès le début du 18e siècle, le judaïsme anglais est tout entier tourné vers la mise en place des finances publiques. Comme à chaque montée en puissance d'une nation, il n'est pas de prospérité privée qui ne soit précédée par l'instauration d'un État fort. Et il n'est pas d'État fort sans finances saines, donc sans financiers de confiance pour prêter à long terme. Tel va être, une fois de plus, comme si souvent dans l'histoire, le rôle des Juifs : bâtir les fondements financiers de la nouvelle puissance... S'amorce une sorte de nationalisation des finances publiques avec des Juifs aux commandes, apportant de l'extérieur les ressources nécessaires et aidant à les organiser". (p.338-339) (à suivre).

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