Mon père est venu de Saint-Jean-d'Acre en 1900. Lui et sa famille vivaient heureux dans une ville chargée d'histoire, oh combien ! Tous, musulmans et chrétiens, espéraient un avenir radieux. En effet, l'on sentait poindre la fin de la domination ottomane. Mon grand-père accueillait les pèlerins du monde entier. Leur maison se trouvait non loin de la capitainerie du port. A Beyrouth, à Damas, la jeunesse s'engageait dans les mouvements nationaux de la "renaissance arabe". Les grandes puissances européennes manoeuvraient, à l'affût. Le Sultan de Constantinople ruiné, était passé sous la coupe de Londres et de Paris qui administraient les "affaires" avec leur Banque ottomane. Les jeunes officiers flirtaient avec l'Allemagne, cette grande rivale de l'Angleterre, qui avait décidé, avec Guillaume II, de tenir son rôle en Méditerranée. Et la Russie de Nicolas II n'était pas en reste, elle qui se voulait, depuis des siècles, "protectrice" des Orthodoxes, toujours opposée à cette Turquie qui lui barrait la route des Détroits, avec l'aide de l'Angleterre, maîtresse quasi-exclusive du Canal de Suez.
Il est certain que c'est Herzl, tellement désireux de servir et de plaire à "son" Empereur", qui a attiré Guillaume II dans la région, mettant ainsi le feu aux poudres. Car l'Angleterre a immédiatement réagi, en retournant la France comme une crêpe, grâce à cette formidable "Affaire Dreyfus" qui dressa, à point nommé, la France contre l'Allemagne et les Juifs d'Outre-Rhin. Pauvre Capitaine Dreyfus qui se retrouva, bien malgré lui, au centre d'un conflit qui allait devenir mondial !
En 1900, les Juifs étaient peu nombreux à Saint-Jean-d'Acre, quelques centaines tout au plus. Aujourd'hui, les voici maîtres d'une ville où les habitants non-juifs sont menacés d'expulsion. En un siècle, les sionistes ont tué l'espoir. Du moins, ceux qu'on appelle à tort "sionistes", car je doute que les premiers sionistes imaginaient ainsi l'avenir... Et si c'est cela qui faisait problème jusqu'aux Etats-Unis ? Surtout aux Etats-Unis ! Les Juifs ne sont-ils pas tiraillés entre les deux candidats ? Est-ce que Elie Wiesel a enfin choisi ? Va-t-il nous dire pour qui il va voter ? Obama ou Mac Cain ? Le voici bien silencieux. L'histoire, cette fois, semble leur avoir tendu un piège...
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