jeudi, mai 01, 2008

LES "CURÉS ROUGES" A BILLANCOURT !

Sur une page "Des curés rouges à Billancourt", consacrée à Mai 68, Le Monde daté du 2 mai rappelle combien certains chrétiens, en proie au délire, participèrent aux événements de Mai. J'y trouve confirmation de ce que j'ai moi-même découvert - depuis belle lurette ! A savoir que Mai 68 s'explique aussi par la formidable compétition où rivalisaient des groupes anti-staliniens désireux de prendre leur "revanche" sur le PCF, ce puissant parti qui dominait "à gauche" depuis la fin de la seconde guerre mondiale. Les trotskistes, les maoistes, les anars, on le sait, haïssaient les "révisos", les "stals", les "contre-révolutionnaires" à la solde de Moscou. Mais un autre segment fermentait dans la "classe ouvrière" : les chrétiens, innombrables, engagés dans le PC et la CGT au lendemain de la guerre. Ici je fais intervenir mes propres souvenirs personnels. Ma plus grande stupéfaction, je l'ai éprouvée à la SNECMA lorsque un jeune, dans l'atelier, dessina dans l'allée, pour me montrer qu'il était avec moi, une faucille et un marteau recouverts par une croix ! "Tu vois, me dit-il, pour moi c'est la même chose" ! Christianisme et communisme... Un autre jeune, juif marocain, converti au christianisme, me confia un jour que le "marxisme" le réconciliait avec le judaïsme ! Les judéo-chrétiens, il y en avait pas mal aussi dans le PC français ! Plus récemment, Charles Pasqua, interrogé à la télé sur l'engagement communiste répondit, à ma grande surprise (je ne pensais pas que Charles Pasqua était aussi futé) avec la moue qui le caractérise " Je crois que c'est religieux, ça relève de la religion". Charles Pasqua avait tout compris ! Le nombre de prêtres-ouvriers ou d'anciens prêtres, de séminaristes ou d'anciens séminaristes, d'anciens militants de la JAC ou de la JOC qui ont adhéré au PC (comme on entre en religion) est tout à fait considérable. Très vite, ils occupèrent des postes dirigeants, tant au PC qu'à la CGT, ou furent élus Maires ou députés, quand ils n'entrèrent pas au Comité Central. Leur objectif était de "reconquérir" la classe ouvrière, en montrant que l'Église pouvait être aussi révolutionnaire que le "parti communiste" (sic). Mais tous, au fond, jalousaient ce parti qui se disait "marxiste"(son fondateur n'avait-il pas osé dire que "la religion était l'opium du peuple" ?), et qui exerçait son hégémonie d'une manière brutale puisqu'il n'hésitait pas à exclure les brebis galeuses. Tous rêvaient un jour de "prendre leur revanche". (Marc Ferro a sûrement raison). Lorsque survint Mai 68, en milieu estudiantin, il apparut clairement que le PC, engoncé dans son stalinisme refroidi, ne suivait pas ! Tous alors s'engouffrèrent dans la brèche, tous jouèrent "à la révolution"... que le PC ne voulait pas, pour une raison bien simple : c'est qu'il ne l'a jamais voulue ! Sa seule chance de prendre le pouvoir, il l'a eue à la Libération, mais de Gaulle, habilement, pour résister à la pression américaine et "squeezer" le PC, fit accord avec Staline, nous évitant ainsi probablement le sort d'une "démocratie populaire". Le PC dut se contenter de quelques postes ministériels, et il n'eut plus jamais ensuite l'occasion de s'emparer du pouvoir. (Mitterrand l'acheva en lui accordant 4 ministres dans son gouvernement). En Mai 68, ce que nous raconte Le Monde dans sa page sur "les curés rouges", la "religion" règle son compte au marxisme ! Ainsi Maurice Clavel, un peu" fou de dieu" il est vrai, chrétien de gauche, gaulliste de gauche et... sympathisant maoiste (!) écrit " Cette révolution est d'abord spirituelle. L'esprit se venge. Il était temps. L'espoir est là. Étudiants, jeunes ouvriers l'ont en charge." Et plus loin :"Mai confirma Dieu. Oui, une Pentecôte de l'Église invisible. Il y eut un grand vent et les portes claquèrent". Ou encore "A l'époque, je deviens une sorte de moine mendiant" témoigne Jean-Pierre Barou, de la Cause du Peuple, aujourd'hui éditeur. Et même le chef de la Gauche Prolétarienne( resic), "Pierre Victor" alias Benny Levy, finira dans la peau d'un rabbin qui entend des voix sur le Mont Sinaï, celle de Moïse bien sûr, dont nous aurons, nous les goys, un "écho" ! Que reste-t-il aujourd'hui de cet engagement religieux dans un mouvement qui fut judéo-communiste, comme le fut le christianisme ? Une curiosité pour certains, mais pour moi ce fut bien une "revanche" de la religion juive, ou plus exactement, le triomphe d'une communauté séparée depuis quasiment un siècle par l'antagonisme capitalisme/communisme, et qui se retrouvait sous le ciel de Paris, énivrée par la logorrhée d'un petit juif réconciliant "miraculeusement" les deux fractions "adverses".

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