jeudi, décembre 20, 2007

CHRISTIAN BOURGOIS ET MOI...

Au dernier salon du livre à Paris, en avril dernier, je suis passé, comme chaque année, devant le stand où Christian Bourgois faisait son apparition. Je l'ai ainsi vu blanchir, puis cette fois, je l'ai trouvé vieilli, lui qui avait su rester jeune si longtemps. Chaque fois, je me posais la question "dois-je lui dire bonjour, mais pour lui dire quoi ?". C'est ainsi que, pendant presque un demi siècle, je suis passé devant lui à chaque salon du livre, en l'observant du coin de l'oeil, quelques secondes à peine. Et je continuais mon chemin, avec un ami, ou seul. Et pourtant ! N'avait-il pas publié mon premier livre, en 1960, un roman intitulé "Olga Malhaine" ? Certes, l'éditeur s'appelait René Julliard dont il était devenu le "bras droit". Et c'est Colette Audry qui avait apporté le manuscrit à René Julliard. Et le jour de la signature du contrat, Christian est venu me dire :" Ah, je savais qu'il le prendrait, je suis content !". C'est tout ce que l'on s'est dit en quarante sept ans ! Par la suite, j'ai lu qu'il était "trotskiste"à sa manière, qu'il fréquentait Georges Pompidou, et cela ne me surprenait pas ! René Julliard lui-même était ce que l'on appelle "un grand bourgeois de gauche" fervent supporteur de Pierre Mendes France. Bref, ça n'était pas "ma tasse de thé". Et j'imagine que Julliard, qui m'avait félicité pour les corrections que j'avais apportées au manuscrit, et prévenu "vous ne serez connu qu'à votre 3e ou 4e livre", avait trouvé très "gratifiant" de publier le premier roman d'un "ouvrier", chaudement recommandé par Colette Audry qui lui avait apporté quelque temps auparavant le premier roman de Françoise Sagan "Bonjour tristesse"... Julliard est décédé, si je me souviens bien, deux ou trois ans plus tard. Et Christian Bourgois lui a succédé. Mais, rapidement, il a pris la tangente pour publier des ouvrages d'auteurs étrangers, anglo-saxons ou hispanophones, pour un public "intellectuel" composé essentiellement d'universitaires et d'étudiants. Je pense que c'était sa manière à lui de faire du "trotskisme", je veux dire de proclamer son internationalisme "prolétarien". Les "prolétaires n'ont pas de patrie" devait-il se dire, "eh bien moi non plus !". Et c'est ainsi que je n'ai pas ouvert un seul livre publié par Christian Bourgois ! J'avais tellement l'impression qu'il était le produit de l'intelligentsia germano-pratine, que sa "production" à mes yeux en devenait caricaturale ! Et puis ce nom : bourgois, tellement bourgeois de "gôche" ! Sans doute, me direz-vous, il n'était pas responsable de son nom. Mais pourquoi n'a-t-il pas choisi un pseudo : Johnson ou Cordoba ? Peut-être qu'alors je les aurais lus ces petits ouvrages, si joliment imprimés, dans la fameuse collection 10/18...

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