jeudi, décembre 07, 2006

UNE NOUVELLE EXPÉDITION DE SUEZ ?

Le rapport Baker remis à Bush jr préconise une révision déchirante de la politique américaine au Proche-Orient. A Tel Aviv, les partisans d'une "revanche" contre le Hezbollah n'ont plus qu'une solution : frapper, au printemps prochain sans doute, si l'on en croit la presse israélienne, sans l'appui de Washington. James Baker est considéré comme un "ennemi d'Israël", un partisan de la négociation "à tout prix", avec Damas et Téhéran. En 1956, l'expédition de Suez qui avait pour but de renverser Nasser au Caire, entraîna la France et l'Angleterre aux côtés d'Israël. Ben Gourion, l'anti-colonialiste (sic) se lança dans une opération militaire de grande envergure derrière les anciennes puissances coloniales qui s'étaient partagées la région à la fin de la "première" guerre mondiale. Les USA et l'URSS alliés mirent fin à l'opération en envoyant un ultimatun à Paris et Londres. Nous nous retrouvons dans ce cas de figure, sauf que Londres qui a collé à Washington dans la guerre contre l'Irak, restera à ses côtés pour tenter de trouver une "porte de sortie" honorable pour les deux puissances anglo-saxonnes. Tony Blair a tout intérêt à jouer la carte de la diplomatie auprès de son ami Bush trop heureux d'avoir comme intermédiaire un excellent connaisseur du monde arabe. Le tandem Baker-Blair est désormais attelé dans une recherche commune d'une solution négociée. Reste la France dont le chef, Jacques Chirac, héritier d'une politique jugée à Tel Aviv "pro-arabe", s'en va dans quelques mois, avec un successeur auto-proclamé, Nicolas Sarkozy, qui a déjà fait savoir à ses amis israéliens "qu'il tournerait la page", ce qui signifie en bon français que la politique étrangère de la France de pro-arabe deviendra... pro-israélienne ! Il suffit donc d'attendre, en effet, le printemps prochain pour déclencher une opération qui sera mieux préparée que la précédente ! Les dirigeants du Hezbollah doivent y réfléchir sérieusement : ils risquent de subir une frappe terrible alors que dans le même temps la Syrie et l'Iran seront en train de négocier avec Washington ! Les revanchards israéliens exploiteront sans aucun doute cette opportunité. Une fois de plus, le Liban risque d'en faire les frais. Mais, pour entreprendre ce "coup", Tel Aviv a besoin de l'appui de Paris, appui militaire et en livraison d'armes d'abord, et diplomatique à l'ONU. Voilà pourquoi les ultras vont tout faire pour installer Sarkozy à l'Elysée. Julien Dray et les Juifs, nombreux au PS, l'ont bien compris : cette fois le "vote juif" passera à droite, comme aux Etats-Unis où il rallia Ronald Reagan - grand soutien d'Israël - au détriment du parti démocrate pour lequel ils votaient jusque là. Le voyage de Ségolène au Proche-Orient a été dicté par la nécessité de montrer au gouvernement israélien que Mme Royal pouvait se montrer, elle aussi, très compréhensive à l'égard d'Israël. Mais voilà, il y a également les électeurs de banlieue qu'il faut inciter à voter pour le PS ! Difficile exercice d'équilibriste pour Ségolène : il lui faudra faire preuve d'une très grande habileté. L'élection présidentielle en France, pour la première fois, devient un champ de bataille israélo-arabe ! Avec ses 7 millions de musulmans, et ses 600.000 Juifs, la France ne pouvait pas y échapper.

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