lundi, janvier 16, 2006

LES FILS DE LA VEUVE de J.M. TISSERANT

Un tel livre ne peut susciter qu'une profonde répulsion parmi les adorateurs de Robespierre et Saint-Just. Nous avons trop pris l'habitude de commémorer et de célébrer notre Grande Révolution. Souvenons-nous du bi-centenaire "mitterrandien" de 1989 ! D'autant que nos historiens officiels - marxistes pour la plupart - ont toujours affirmé (du temps de l'URSS) que cette révolution "bourgeoise" avait été suivie par la révolution "ouvrière" en Russie, qu'elle avait, en somme, ouvert la "voie" à l'édification du "socialisme" soviétique. Ce lien, entre les deux Révolutions, fut souligné dès 1917. N'est-ce pas Trotski lui-même qui les compara au point de voir en Staline un Bonaparte thermidorien ? Maintenant que l'URSS a disparu, que nous comprenons qu'elle ne fut qu'une parenthèse, l'histoire officielle s'effondre !
Mais la gauche, qui survit dans les rédactions et les officines éditoriales, n'est pas disposée à remettre en question cette Révolution qui l'a fait naître. Déjà, souvenons-nous, comment fut accueilli le livre iconoclaste de Reynald Secher "Le génocide français : la Vendée vengée" paru au PUF en 1986 ! Cet historien exposait une thèse difficilement supportable, selon laquelle les massacres de Vendée par "l'armée républicaine" s'apparentaient à ceux commis par les bolcheviks en Ukraine et ailleurs. François Furet lui-même, en revisitant notre Révolution, y dénonçait les "excès" staliniens de 1792-93. Il est vrai qu'ayant été communiste dans les pires moments de l'ère stalinienne, ce précédent ne manquait pas de l'impressionner : les procès, les innocents-coupables, les réformistes et les révolutionnaires, les "traîtres" et tous ceux qui s'écartaient de la ligne "juste", forcément juste comme aurait dit Duras, la "révolutionnaire" alcoolisée ! Le petit furet flaira une filiation, oh combien, sanguinaire. Nous n'avons pas fini de "revisiter" la Révolution. Globalement positive ou... globalement négative ? Jean-Marc Tisserant, avec quelques autres, nous oblige à reconsidérer la question.

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