Arthur Koestler, "juif" hongrois, né en 1905, mort à Londres en 1983, fut l'un des plus grands esprits du siècle dernier. Il a traversé le siècle en le prenant à bras le corps. Communiste, il appartint au PC allemand, participa à la guerre d'Espagne, fut prisonnier des franquistes, s'engagea dans la Légion étrangère. Quitta le "communisme" pour rejoindre le "sionisme", tout en conservant sa liberté d'esprit (critique). Il a publié des livres qui ont fait date ("le zéro et l'infini", le "yogi et le commissaire" etc.). Ayant rejoint Israël avec sa femme dans les années 50, il fut frappé par la diversité des "juifs" regroupés dans ce pays. Biologiste, il se passionnait pour la recherche génétique. Et c'est sans doute ce qui le mit en contact avec des chercheurs, y compris israéliens. Un beau jour, il quitta Israël, rejoignit l'Angleterre où il obtint la nationalité britannique. Son départ fut considéré comme une "trahison". Lorsqu'il publia la "13e tribu", ce fut le silence, ou la moquerie.
Alerté par un article de Claude Bourdet publié par Le Matin, au lendemain de la mort de Koestler (atteint d'une grave maladie, il s'est suicidé avec sa femme), qui signalait aux lecteurs du journal l'existence de ce livre quasiment censuré, je me suis précipité pour l'acheter. Il existe en livre de poche-Hachette N°5158, paru en 1976. On me dit qu'il est quasiment introuvable. L'ouvrage fut d'abord publié chez Calmann-Lévy (un éditeur "antisémite" probablement !).
Que nous apprend Arthur Koestler ? Citons-le brièvement, en vous conseillant de commander son ouvrage en livre de poche chez votre libraire...
"A l'époque où Charlemagne se fit couronner empereur d'Occident, l'extrémité orientale de l'Europe entre le Caucase et la Volga était dominée par un État juif, connu sous le nom d'empire khazar. A son apogée, du 7e au 10e siècle, cet État joua un rôle assez important pour contribuer à façonner la destinée de l'Europe médiévale - et moderne par conséquent... Le pays des Khazars, peuple d'ethnie turque, occupait une position stratégique entre la Caspienne et la Mer Noire sur les grandes voies de passage où se confrontaient les puissances orientales de l'époque...
"... Sans doute vers l'an 740, le roi (Bulan), sa cour et la classe militaire dirigeante se convertirent au judaïsme, qui devint la religion officielle des Khazars... En tout cas, si les sources diffèrent sur quelques points de détail, les grands faits sont indiscutables.
"Ce qu'on peut discuter, en revanche, c'est le sort des Khazars juifs après la destruction de leur royaume, au 12e ou 13e siècle. A ce sujet, les sources sont très maigres. Elles mentionnent cependant plusieurs établissements khazars à la fin du Moyen Age en Crimée, en Ukraine, en Hongrie, en Pologne et en Lituanie. De renseignements fragmentaires ressort un tableau d'ensemble : celui d'une migration de tribus et de groupes khazars dans les contrées d'Europe orientale - Russie et Pologne surtout - où précisément on allait trouver à l'aube des temps modernes les plus fortes concentrations de Juifs. D'où l'hypothèse formulée par plusieurs historiens, selon laquelle une bonne partie sinon la majorité des Juifs d'Europe orientale - et par conséquent des Juifs du monde entier - seraient d'origine khazare, et non pas sémitique.
"Les conséquences d'une telle hypothèse iraient très loin, et ceci explique peut-être les précautions que prennent les historiens en abordant le sujet - quand ils ne l'évitent pas carrément. L'un des avocats les plus radicaux de l'origine khazare des Juifs, A.N. Poliak, professeur d'histoire juive du Moyen Age à l'université de Tel Aviv, demande dans l'introduction de son livre intitulé Khazaria, publié en hébreu en 1944, puis en 1951 "que l'on aborde dans un esprit nouveau aussi bien le problème des relations entre la juiverie khazare et les autres communautés juives que la question de savoir dans quelle mesure on peut regarder cette juiverie (khazare) comme le noyau des grands établissements juifs en Europe... Les descendants de ces établissements, ceux qui sont restés sur place, ceux qui ont émigré aux États-Unis et dans d'autres pays, et ceux qui sont allés en Israël, constituent aujourd'hui la grande majorité des Juifs du monde entier"...
"Cela voudrait dire que les ancêtres de ces Juifs ne venaient pas des bords du Jourdain, mais des plaines de la Volga, non pas de Canaan, mais du Caucase, où l'on a vu le berceau de la race aryenne; génétiquement ils seraient apparentés aux Huns, aux Ouïgours, aux Magyars, plutôt qu'à la semence d'Abraham, d'Isaac et de Jacob. S'il en était bien ainsi, le mot "antisémitisme" n'aurait aucun sens : il témoignerait d'un malentendu également partagé par les bourreaux et par les victimes. A mesure qu'elle émerge lentement du passé, l'aventure de l'empire khazar commence à ressembler à une farce, la plus cruelle que l'Histoire ait perpétrée."
Sans doute Arthur Koestler qui était d'origine magyar se sentait-il lui-même un peu khazar ! Je ne pense pas qu'il serait horrifié à l'idée d'effectuer des recherches sur l'origine des populations "juives" à l'aide de l'ADN... Bien au contraire : c'était un esprit scientifique.
Alerté par un article de Claude Bourdet publié par Le Matin, au lendemain de la mort de Koestler (atteint d'une grave maladie, il s'est suicidé avec sa femme), qui signalait aux lecteurs du journal l'existence de ce livre quasiment censuré, je me suis précipité pour l'acheter. Il existe en livre de poche-Hachette N°5158, paru en 1976. On me dit qu'il est quasiment introuvable. L'ouvrage fut d'abord publié chez Calmann-Lévy (un éditeur "antisémite" probablement !).
Que nous apprend Arthur Koestler ? Citons-le brièvement, en vous conseillant de commander son ouvrage en livre de poche chez votre libraire...
"A l'époque où Charlemagne se fit couronner empereur d'Occident, l'extrémité orientale de l'Europe entre le Caucase et la Volga était dominée par un État juif, connu sous le nom d'empire khazar. A son apogée, du 7e au 10e siècle, cet État joua un rôle assez important pour contribuer à façonner la destinée de l'Europe médiévale - et moderne par conséquent... Le pays des Khazars, peuple d'ethnie turque, occupait une position stratégique entre la Caspienne et la Mer Noire sur les grandes voies de passage où se confrontaient les puissances orientales de l'époque...
"... Sans doute vers l'an 740, le roi (Bulan), sa cour et la classe militaire dirigeante se convertirent au judaïsme, qui devint la religion officielle des Khazars... En tout cas, si les sources diffèrent sur quelques points de détail, les grands faits sont indiscutables.
"Ce qu'on peut discuter, en revanche, c'est le sort des Khazars juifs après la destruction de leur royaume, au 12e ou 13e siècle. A ce sujet, les sources sont très maigres. Elles mentionnent cependant plusieurs établissements khazars à la fin du Moyen Age en Crimée, en Ukraine, en Hongrie, en Pologne et en Lituanie. De renseignements fragmentaires ressort un tableau d'ensemble : celui d'une migration de tribus et de groupes khazars dans les contrées d'Europe orientale - Russie et Pologne surtout - où précisément on allait trouver à l'aube des temps modernes les plus fortes concentrations de Juifs. D'où l'hypothèse formulée par plusieurs historiens, selon laquelle une bonne partie sinon la majorité des Juifs d'Europe orientale - et par conséquent des Juifs du monde entier - seraient d'origine khazare, et non pas sémitique.
"Les conséquences d'une telle hypothèse iraient très loin, et ceci explique peut-être les précautions que prennent les historiens en abordant le sujet - quand ils ne l'évitent pas carrément. L'un des avocats les plus radicaux de l'origine khazare des Juifs, A.N. Poliak, professeur d'histoire juive du Moyen Age à l'université de Tel Aviv, demande dans l'introduction de son livre intitulé Khazaria, publié en hébreu en 1944, puis en 1951 "que l'on aborde dans un esprit nouveau aussi bien le problème des relations entre la juiverie khazare et les autres communautés juives que la question de savoir dans quelle mesure on peut regarder cette juiverie (khazare) comme le noyau des grands établissements juifs en Europe... Les descendants de ces établissements, ceux qui sont restés sur place, ceux qui ont émigré aux États-Unis et dans d'autres pays, et ceux qui sont allés en Israël, constituent aujourd'hui la grande majorité des Juifs du monde entier"...
"Cela voudrait dire que les ancêtres de ces Juifs ne venaient pas des bords du Jourdain, mais des plaines de la Volga, non pas de Canaan, mais du Caucase, où l'on a vu le berceau de la race aryenne; génétiquement ils seraient apparentés aux Huns, aux Ouïgours, aux Magyars, plutôt qu'à la semence d'Abraham, d'Isaac et de Jacob. S'il en était bien ainsi, le mot "antisémitisme" n'aurait aucun sens : il témoignerait d'un malentendu également partagé par les bourreaux et par les victimes. A mesure qu'elle émerge lentement du passé, l'aventure de l'empire khazar commence à ressembler à une farce, la plus cruelle que l'Histoire ait perpétrée."
Sans doute Arthur Koestler qui était d'origine magyar se sentait-il lui-même un peu khazar ! Je ne pense pas qu'il serait horrifié à l'idée d'effectuer des recherches sur l'origine des populations "juives" à l'aide de l'ADN... Bien au contraire : c'était un esprit scientifique.
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