Sans doute y avait-il du Xavier Grall dans cette "tête de Breton" ! Moi-même, j'avais pondu un manuscrit auquel j'avais donné ce titre ! (Il n'est jamais paru, ou bien sous un autre nom...). En tout cas, Gildas me raconta comment, à la Libération, ils avaient dû fuir à travers bois jusque Vitré ou Angers, je ne sais plus très bien. Mais le portrait qu'il me fit de son père était tellement différent (il me révéla que c'était lui l'inventeur du cyclo-moteur !) de celui que l'on présentait habituellement, sans trop insister, confirme une fois de plus que la "vérité" a besoin de (beaucoup de temps) pour s'extraire du puits ! Apprenant que l'un de ses frères, Meriadec, par ailleurs auteur d'un dictionnaire français-breton(vannetais), était prêtre et officiait à Saint-Anne d'Auray, je lui adressai une lettre dans laquelle je lui posais un certain nombre de questions relatives à ces événements tragiques, en lui précisant bien que j'étais Hennebontais ! Voici sa réponse, manuscrite... et rédigée au dos de ma lettre, avec plusieurs notes remplissant toute la page !
" Cher compatriote,
Je viens de recevoir votre lettre, ici, à la sacristie de la Basilique, et je réponds illico, sans autre papier que le vôtre. J'ai 74 ans, l'âge de mon père à sa mort à Auray en 1953. L.H. (souligné) a été le directeur de la revue bretonne "Dihunamb" (réveillons-nous !), toute en breton vannetais. Revue culturelle, littéraire, non politique, invitant les Bretons à conserver leur langue, leur patrimoine, etc. Pendant la guerre 39-45 tous ceux qui avaient "l'idéal" breton étaient suspects. Si, en plus, ils étaient catholiques, les militants communistes de la résistance les avaient à l'oeil. (Nous avons un cousin très catholique, gaulliste, pas du tout autonomiste, au contraire ! Français avant tout, qui a été massacré par les communistes de la région de Baud; ses assassins n'ont jamais été inquiétés).
En 1944 la famille Herrieu a été attaquée par 16 Résistants armés et a dû fuir leur ferme de Saint-Caradec (moi aussi !, j'avais 20 ans). L.H. a dû quitter la région en sa cachant dans les bois... et puis à Vitré. Sa revue a donc stoppé en 1944. Il a été jugé en 1946, et condamné à l'indignité nationale pour des articles trop forts, maladroits. L.H. n'était ni "autonomiste", ni séparatiste; c'était un fédéraliste. Il désirait une Europe fédérale. (à suivre).
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