UNE LETTRE DE CHARLES FITERMAN A GABRIEL ENKIRI
Je fus élu conseiller municipal à Chevilly-Larue (région parisienne, Val de Marne), en 1977, sur une liste d'union de la gauche (j'avais donné mon adhésion au PS). Notre liste l'emporta sur la liste de droite du maire sortant. Un communiste, Guy Pettenati, devint le nouveau maire de la commune. Le secrétaire du Comité Central (et "dauphin" de Georges Marchais) Charles Fiterman, se présenta dans la circonscription aux élections législatives de 1978. Il fut élu député, mais perdit son siège, en 1981, emporté par la "marée rose", au profit de Tabanou, le maire socialiste de l'Häy-les-Roses... A quelques mois du scrutin de mars 1978, et avant la rupture du "programme commun" qui fut fatal à la gauche (les sondages la donnaient gagnante contre Giscard-Barre), j'adressai à Charles Fiterman secrétaire du Comité Central, une lettre dans laquelle je lui suggérais de réintégrer solennellement les exclus de 1956, auxquels l'Histoire donnait manifestement raison. Eux qui se fixaient pour objectif d'atteindre 22% du corps électoral, pouvaient retrouver là, d'un coup, au moins un million de voix ! A quelques jours du scrutin me parvenait la réponse suivante :
Cher camarade,
J'ai pris connaissance de ta lettre avec beaucoup d'intérêt.
Tu soulèves un problème sur lequel je veux te répondre très clairement.
C'est vrai qu'un bon nombre - pour ne pas dire le plus grand nombre - de ceux qui se sont écartés ou ont été écartés du parti pour des raisons politiques dans la période des années 50 n'auraient pas dû se retrouver dans cette situation. Disant cela, je pense à des hommes comme Marcel Prenant, comme Henri Lefebvre, comme Desanti et d'autres.
Nous avons déjà un peu évoqué ce problème mais il faudra en parler plus clairement et le plus tôt sera le mieux.
Parce qu'on ne peut pas tout faire à la fois - et le 22e Congrès n'a guère que deux ans - nous ne l'avons pas fait. Mais, je te le dis, après nous être interrogés, nous n'avons pas voulu réduire notre démarche à une initiative qui aurait pu apparaître comme tactique et électoraliste. Nous visons plus loin et plus haut. C'est une grande politique nouvelle, audacieuse, originale, que nous avons mis sur les rails et nous ferons tout pour la faire progresser.
Voilà notre état d'esprit. Cela dit je t'indique tout de suite que pour ce qui te concerne, si tu décidais de revenir au parti, il n'y aurait aucune espèce de préalable, aucun problème. (à suivre)
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